Vaut mieux pas traîner dans le coin ... [pv Sylver]

Lorsque les flash de lumières disparurent, le décor autour de la princesse avait totalement changé. Fini les murs magiques qui attirait le regard de chacun. Fini les hauts plafonds soutenus par d'imposantes colones de marbres. Elle n'était même plus dans son palais. La peinture des murs gris autour d'elle s'était écaillé. Le plafond était troué et quelques gouttes tombaient suivant un rythme régulier sur le sol. Ce sol était couvert de poussière et la pièce était désespérément vide. Une fenêtre aux carreaux brisés était la seule source de lumière. Un rat qui, apeuré par l'arrivée de l'inconnue, se faufilait dans un trous dans le mur était sa seule compagnie. Une porte en bois brisée sortie de ses gongs était sa seule sortie. Si la scène avait été un tableau, le décor n'aurait été dessiné de cette façon uniquement pour souligner le raffinement distingué de la jeune femme présente. Une robe assez courte composée d'une superposition de différents tissus qui passaient du bleu clair au bleu nuit en passant par le bleu marine aux fines bretelles l'habillait. De légers frissons parcouraient sa peau blanche car ses longues jambes fines, ses bras et ses épaules étaient exposés au courant d'air qui entrait par la vitre brisée. Ses cheveux étaient attachés en une magnifique coiffure qui avait dû prendre du temps mais qui faisait son effet. Un maquillage fin mettait en valeur le blanc cerclé de noir irréel de ses iris. Elle avait pour seules chaussures, une paire de sandales également bleues à la semelle fine. Les trais de son visage étaient tirés en une moue étrange, mélange entre colère et dégoût. Le dégoût s'expliquait par sa simple présence dans cet endroit si peu adapté à son rang. Quant à la colère, elle trouvait son origine dans l'accédeur qui était resté ouvert à son bras nu. Elle porta à son regard l'écran cristal qui affichait le message suivant : "Système endommagé. Remise à zéro nécessaire". Ce n'était pas ce bug qui l'avait conduit ici, mais plutôt l'origine de ce bug. En consultant les coordonnées récemment programmée, elle pu constater que quelqu'un avait sans scrupule déréglé le programme de façon à ce qu'elle se retrouve n'importe où et qu'elle ne puisse plus rentrer par portail. Ce quelqu'un n'était d'autre que son frère. Encore une fois, il n'avait pas trouvé d'autre source d'amusement que son malheur à elle. Il n'y avait pas trente-six solutions. Elle devait trouver la place la plus proche et retourner chez elle étrangler son cher frère Daniel. Elle sortit de la pièce, enjambant le vulgaire morceau de bois qu'on avait osé appeler porte et qui était à moitié brisé. Elle de retrouva ainsi dans une ruelle. Les murs gris étaient salis par des traces de sang séché et abimés par les passages du temps. Quelques graffitis exposait au regard de la princesse, des mots obscènes qu'il ne serait pas propre de décrire. Le sol était parsemé de flaques d'eau et de déchets. Un regard à gauche lui montra un cul de sac. Conclusion, il fallait tourner à droite et essayer de trouver des rues plus présentables. Ses chaussures étaient ruinées et quelques mèches s'échappaient de la coiffure jusque là parfaite. Si elle s'appliquait à marcher silencieusement, c'était pour éviter d'attirer l'attention sur elle. L'endroit devait regorger de rejets de la société, de criminels en tout genre, de drogués et de filles de joies. Quoi qu'il en soit, elle se passera volontiers de cette malsaine compagnie surtout que ces gens risquaient de ne pas apprécier la venue d'une princesse dans son style. A chaque coin de rue, elle retenait son souffle et épiait les alentours pour être certaine de ne tomber sur aucun individu de quelques type que ce soit. Le destin fut avec elle car elle ne croisa que des rats et d'autres bestioles qui jaillissait des poubelles renversées. Cet endroit s'assimilait pour elle à un labyrinthe. Elle allait de cul-de-sac en cul-de-sac, de ruelles sombres en ruelles sombres. Elle dû admettre qu'elle était perdue lorsqu'elle passa pour la cinquième fois devant le même graffiti montrant un chien féroce au-dessus du message "bienvenue en enfer". Elle soupira discrètement et rouvrit son accédeur. Cette fois, elle n'avait d'autre choix que d'appeler les secours. Aucun réseau. Elle aurait du de douter que dans ce genre d'endroit, ni l'élénet, ni le réseau téléphonique n'atteignait un débit correct. La nuit n'allait pas tarder à tomber et une légère pluie commença à tomber pour empirer son calvaire. Elle n'avait pas de polymorphia et son accédeur semblait également avoir un problème avec la fonction tenue. Elle ne pu retenir un léger éternuement. Vêtue comme elle l'était, elle n'allait pas tarder à tomber malade. Alors qu'elle maudissait son frère, un bruit lui fit relever la tête. Les battements réguliers d'un cœur serein se faisaient entendre. Ce cœur était trop gros pour être celui d'un rat ou d'un chat. Pour confirmer ses craintes, des bruits de pas résonnèrent. Instinctivement, elle se plaqua contre le mur à l'angle de la rue, ruinant définitivement sa robe. Elle retint son souffle et dû de pincer le nez pour étouffer un éternuement. Elle tourna la tête à l'angle et n'avait pas pensé que l'individu avait utilisé la même technique. Elle se trouva nez à nez avec deux yeux bleus presque aussi froid que les siens. Là une seule chose passa dans son esprit: elle allait avoir des problèmes. Elle n'avait pas une seule arme sur elle et comme elle sortait d'une douche précédée d'une séance d'entraînement, elle n'avait plus un gramme de mana dans le sang. Et son accédeur ne pourrait rien lui fournir du tout. Vous allez me dire qu'il n'est pas dans les habitudes de la jeune princesse de sortir sans armes mais elle avait prévu d'arriver dans un centre de thalasso, pas dans les égouts du monde. Quoi qu'il en soit, ce fut cette pensée qu'elle allait avoir des ennuis qui lui fit retrousser les lèvres pour montrer ses canines d'elfe crudelis. Généralement, les humains n'aiment pas trop avoir affaire avec ces suceurs de sang. Elle espérait juste que celui-ci ne fasse pas exception. Une autre arme de dissuasion était à sa portée, elle-même. Elle était quand même Lune d'Azur Laneus Sal Thesna, princesse régnante d'Asrrah et mage de l'ombre. Quiconque s'en prennait à elle risquait de perdre la vie immédiatement mais même s'il survivait, il risquait d'avoir tout un royaume sur le dos. Neuf gens sur dix dans le monde pouvait la reconnaître au premier coup d'oeil. Elle espérait juste ne pas être tombé sur le seul homme au monde qui ne sache ni qui était Lune d'Azur Laneus Sal Thesna et qui n'avait jamais entendu parler des elfes crudelis.

Trainé dans les rues à cette heure, c'est risqué. Enfin, si vous êtes faible. Personnellement, je venais juste chercher du boulot. La nuit est la mère des vices, des péchés et du mal. Alors autant en profiter.
Pour l'instant, je restai dans un bar à la recherche d'un pigeon dépressif qui voudrait sûrement tuer son patron le dictateur ou alors sa femme qui le trompe. Mais personne n'avait envie de voir quelqu'un mourir ce soir. Je me levai d'un coup et sortis du bar miteux en claquant la porte. J'étais habillé normalement, mes armes en évidence. Les autorités ne venaient jamais dans ces endroits, ils avaient peur de ce qu'ils trouvaient. Par ce "qu'ils trouvaient', je parle des morts sanglantes ou même des filles de toute âges violentées.
Dans la rue, on croisait plein de gens différents. Filles de joies, dealeurs, toxicos et petites filles abandonnées par leur parents. Des cadavres aussi mais c'était plus rare.
Dans les ruelles, pas de lumières. Je frôlai les murs me faisant le plus discret possible. Ce n'était pas bon d'être exubérant dans ce genre d'endroit. Je marchai, repoussai les déchets de ma route. Un dealeur m'accosta en me touchant, cela ne me plu pas. Je saisis mon pistolet et lui tira dans la tête. Je n'étais pas d'humeur à parler, pas de contrats, pas d'argents. Voilà ce que c'est le marché du crime. Même si j'étais un mage, je n'allai pas renier ma vraie nature. Tant pis que je sois mal vu, au pire si les gens n'étaient pas contents, ils n'avaient qu'à venir me parler et je réglerai le problème.
Pour l'instant, j'allumai mon énième cigarette de la soirée. La braise brillai dans l'obscurité trahissant ma présence.
Au fond de la ruelle, un bruit. Je laisse tomber ma clope dans une flaque. Le petit grésillement de la braise qui s'éteint se fait entendre dans le silence. Je frôlai le mur d'encore plus près et me rapprochai du bruit à pas de loup. Une pluie fine commença à tomber, je l'ignorai et continuai d'avancer. Je me postai à un angle et me dressai de tout mon long pour avoir l'air le plus menaçant possible. J'entendis un autre bruit, étouffé cette fois-ci. Puis de l'angle surgit une jeune fille blonde qui se retrouvera face à moi.
Je ne réagis pas à cette apparition, j'étais choqué de trouver une fille aussi bien habillée devant moi et dans un lieu comme celui-ci. Je ne laissai rien paraitre sur mon visage et la fixai. Apparemment, je devais l'inquiéter puisque elle redressa ses lèvres pour montrer des canines plus que pointu. Une elfe crudelis. Et pendant un court instant, j'eus une pensée stupide. Est-ce qu'elle essayait de me faire peur en montrer ses dents ? Si c'était le cas, ça n'avait aucun effet. Cet inconnue me disais vaguement quelque chose, j'avais une impression de déjà-vu. Je la fixai des yeux puis voyant que ça n'aboutirai à rien, je lui sortis une phrase de vieux sage :

- A votre place, je ne trainerai pas dans cet endroit et puis arrêtez de me montrer vos dents. Je m'en fiche.

Pendant que je parlai, j'avais haussé les sourcils d'air exaspéré. Qu'elle comprenne tout de suite à qui elle avait affaire.

L'homme haussa les sourcils avant de dire:

- A votre place, je ne trainerai pas dans cet endroit et puis arrêtez de me montrer vos dents. Je m'en fiche. Sa voix était puissante et résonnait.

Lune d'Azur fut tellement surprise qu'elle lâcha un son qu'elle n'avait pas tellement l'habitude de lâcher:

-Hein?

Elle relacha ses lèvres et se remit de sa surprise. Elle recula de deux pas pour détailler l'inconnu. Tenue basique, mais son regard se posa sur ses armes, des pistolets éséphiens. Ils étaient chargés et n'étaient pas là pour faire jolis. Pour le reste, son physique était plutôt agréable au regarde de la jeune princesse. Elle souffla sur un mèche qui venait de lui passer devant les yeux. Etonamment, le jeune homme était plutôt calme. C'était plus tard lorsqu'un humain se trouvait face à un elfe crudelis. Il devait donc être très confiant et devait avoir autrechose pour se défendre que des simples pistolets. Et la dernière chose, il ne semblait ni agressif, ni offensif. Elle qui s'attendait à tomber sur un genre de dépravé qui aboyant en bavant, elle était assez surprise. Celui-ci avait l'habitude de ces quartiers mais semblait sain d'esprit.

*Il pourrait peut être m'aider* Se dit-elle. Rien que la simple idée de demander de l'aide la répugnait. C'est pourquoi elle ne dit rien pendant une minute entière et scruta son regard bleuté où la nuit dessinait quelques reflets plus sombre. Elle fut interrompue par un éternuement. Si elle n'attrapait une pneumonie ce soir, elle ne l'attraperait jamais. Néanmoins, elle était bien déterminée à ne rien demander. Il essaierait sûrement de profiter de la situation et il était hors de question qu'elle laisse son destin entre les mains d'un rat d'égout. Elle haussa les épaules et recommença à marcher. Où ? Elle n'en savait rien. Elle pourrait peut être essayer de grimper sur un toit pour avoir une vue d'ensemble.

J'empêchai un sourire moqueur se dessiner sur mon visage et gardai mon expression de marbre. Elle recula et me scruta de la tête au pied, ce qui eut le don de m'agacer. Je fronçai les sourcils en la regardant faire son petit manège. J'en profitai d'ailleurs pour moi aussi la jauger d'un coup d'oeil rapide. En fin de compte, elle n'était pas blonde mais avait plutôt des cheveux qui tiraient vers le blanc et était jolie de corps comme de visage. Pas d'arme. C'était moi ou elle était vraiment inconsciente d'aller dans un endroit pareil sans rien pour se défendre !

Cette fille me désemparai vraiment. Jamais, je n'aurais cru croisé quelqu'un comme ça dans une ruelle sombre où les malfrats étaient en supériorité numérique. Elle souffla délicatement sur une mèche qui tomba devant ses yeux. Tout dans ces gestes exprimaient la supériorité hiérarchique et on pouvait sentir qu'elle était d'une classe sociale élevée par rapport aux simples citoyens.
Nous nous remîmes à nous fixer, les yeux plongés dans le regard de l'autre et pendant une longue minute, je sentis qu'elle réfléchissait. Son regard d'un beau blanc cerclé de noir dégageaient une grande fierté et une petite once de répugnance.
Un éternuement de sa part, nous interrompîmes puis elle haussa les épaules et partit.

J'avais surtout l'impression qu'elle était perdue et qu'elle ne voulait pas l'avouer. Je la regardai partir puis n'ayant rien à faire, je la suivis juste au cas où. C'est pas que je me sentirai coupable de la laisser partir toute seule, c'est juste que ça s'appelle de la politesse. Oui, oui, parfaitement.
Je n'étais pas discret et je ne comptais pas l'être, je voulais qu'elle sache que j'étais derrière elle. En fait, c'est marrant d’oppresser les gens, bon, elle me prendra sûrement pour un psychopathe mais mieux vaut prévenir que guérir.
Et puis, sans le cacher, elle m'intriguait vraiment et ce n'était pas tous les jours que je rencontrai des personnes comme cela.

Lune d'Azur continua à marcher et l'homme la suivit. Le bruit de ses pas résonnaient derrière elle. Mais qu'est-ce qu'il lui voulait celui-là? La pluie se mit à tomber deux fois plus fort. Elle était gelée jusqu'aux os et trempée comme un chien. Les murs sales étaient lisses et aucune cage d'escaliers ou quoi que ce soit d'autre ne lui permetterait de grimper jusqu'à un toit. Elle soupira et éternua à nouveau. Elle détestait franchement cette situation. Maudissant son frère, elle avancait perude dans ses pensées. Elle effectua un rapide calcul. Il lui faudrait environ une heure pour que son mana soit regénéré de façon à ce qu'elle puisse lancer un sort. Elle se retrouva alors face à un mur. He mince, un nouveua cul-de-sac. Elle dû faire demi-tour et passa à côté du gars qui la suivait depuis tantôt sans même lui jeter un regard. Elle continua son petit manège pendant encore une dizaine de minutes. Elle finit par abandonner. Il lui faudra attendre environ trois heures pour qu'elle puisse utiliser un sortilège d'ombre qui la transportera ailleurs. Dans une rue, elle repéra un vieux porche sous lequel un rat s'était abrité pour manger un bout de elle ne savait pas trop quoi et elle n'avait pas envie d'en savoir plus car elle s'en fichait. Elle s'approcha et le rat fuya immédiatemment. Ainsi, elle était un petit peu protégée de la pluie mais le vent froid était toujours là. Elle s'assit à même le sol et posa sa tête sur le mur. Elle allait rester ici un moment, elle n'avait pas d'autre choix. Ses cheveux étaient trempés, sa robe haute couture ressemblat plus à un chiffon et elle avait tellement froid qu'elle se serait jurée aux plaines de givre. Elle ouvrit de nouveau son accédeur. Toujours le même problème, ni vêtements, ni objets, ni appel, ni portail. Et dire qu'elle avait payé ces pierres qui devaient augmanter le signal une fortune. Elle fermit les yeux e tenta d'oublier tout ce qu'il y avait autour d'elle. Ces rues sales et heureusement désertes. Enfin, pas si désertes que ça. Un gars l'avait suivit. Mais bon, pour elle, il était déjà bizarre voir même tordu pour traîner dans des coins pareils. Une chose était sûre, dès qu'elle rentrerait chez elle, ce sera trois heures dans un bain chaud suivit d'un étranglement plutôt lent et douloureux de son frère. Son ventre se mit à gargouiller lui rappellant qu'elle n'avait rien mangé depuis hier. Heureusement, ce n'était une soif sanguinolente qui la tourmentait. Un elfe crudelis qui ne buvait pas suffisemment de sang pouvait mourrir. Elle avait bien fait de prendre son "repas sanguin" se matin. Elle aurait mieux fait d'écouter cette voix dans sa tête qui lui disait, "Reste au lit!".

. Devant moi, l'inconnue cherchait je ne sais quoi autour d'elle. Mes pas résonnaient dans les ruelles sombres. La pluie devenait de plus en plus violente. Ma simple veste en cuir ne me servait à rien, l’eau s’infiltrait même à l’intérieur. Une boue faite de détritus commençait à se former au sol. Je l’évitai avec agilité tout en essayant de ne pas perdre la fille de vue.
J’allai pour me prendre une cigarette dans ma poche mais ma main plongea dans un mélange de tabac et de papier humide. Je la ressortis et essayai de me la laver sous la pluie, ce qui ne marchait pas très bien. Tout en me lavant la main, je vis l’inconnue passer devant un moi sans un regard. Le temps que ma main soit complètement lavée, c’est-à-dire une dizaine de minutes, je perdis la fille.
Sous la pluie torrentielle, je plissai des yeux tout en marchant sans mettre un pied dans la gadoue. Je l’aperçue enfin sous un porche assise, la tête contre le mur.
Je m’approchai tout en la regardant. Sa robe était toute froissée et ses cheveux étaient dégoulinants à cause de l’eau. Son air désemparé s’accentua quand elle regarda son accédeur. C’est vrai qu’il n’y avait pas de réseau ici. C’est un trou paumé.
Je me mis sous le porche mais restai debout. Je m’essuyai les mains sur mon pantalon et mis les mains dans mes poches. Quand, soudain, miracle ! Une cigarette avait survécu au tsunami ! Je la mise à ma bouche directement et l’alluma avec ma magie. En même temps, j’étais un mage du feu donc c’était normal. Je tirai une bouffée salvatrice et baissai mon regard vers elle.
Si je ne me trompais pas, elle grelottait. Je ne sais jamais comment réagir dans ces moments-là. Est-ce que je dois me conduire en gentleman et lui donner ma veste ou alors cela serait trop malpoli ? Je décidai de sortir de sous ce porche dès que la pluie s’arrêtera. Il y en avait pour un moment. Cela me tourmenta pendant quelques secondes puis abruptement, j’enlevai ma veste et lui posa sur ses genoux.

-Tenez.

Je n’ai jamais dit que j’étais délicat ! Seulement, il m’arrive des fois d’avoir des élans de gentillesses. Je continuai de fumer, les yeux fixés sur la maison d’en face. Le vent me fouettait le visage mais cela m’importait peu. Il faut se dire qu’il y a toujours pire.

Le gars dont elle ne connaissait pas le nom le rejoignit sous le porche quelques minutes plus tard. Lui aussi semblait fuir la pluie. Normal, qui ne le ferait pas? Elle ne dit rien. Il alluma magiquement une cigarette. Elle comprit alors qu'elle avait affaire avec un élémentaire de feu. Soit un alpha, soit un mage, elle n'en savait rien. Soudain, elle entendit le froissement du cuir. Elle leva la tête et le vit retirer sa veste. Mais pourquoi retirait-t-il sa seule protection contre le froid? Il posa sa veste sur mes genoux.

-Tenez.

Une chose lui échappa. Pourquoi faisait-il ça? La prenait-il en pitié? Non, quelque chose lui disait que c'était par simple gentillesse. Elle ne crut pas ce quelque chose, les gens n'étaient pas gentils. Ils avaient toujours un but, un intérêt quelque part. Mais là, elle ignorait quel pouvait être le but de cet élémentaire de feu. Soit il l'avait reconnu et il essayait de de faire bien voir mais dans ce cas là il l'aurait aidé à sortir d'ici dès le début. Soit, en fait, elle n'avait pas d'autre option. Elle regarda la veste en cuir, trop grande pour elle, trempée également mais représentant une protection efficace contre le vent. Deux fois s'immiscèrent dans son esprit. Une première, cent pour cent elfe crudelis qui lui disait que mettre la veste serait un signe de faiblesse et qu'il en profiterai. La deuxième voix disait à la première de la fermer et à Lune d'Azur de mettre la veste. La princesse décida d'écouter la deuxième voix. Elle passa la veste et referma la tirette jusqu'à son menton. Que c'était agréable de ne plus sentir le vent froid lui labourer la peau. Elle laissa un discret "Merci" s'échapper de ses lèvres. Que dire de plus?

Du coin de l’œil, je la vis mettre ma veste et glisser la fermeture jusqu’au menton. J’eus un sourire en coin, je me serais senti vraiment si elle me l’avait redonné.
J’entendis un discret « merci » puis plus rien. Je n’aimais pas parler, je trouvais qu’une discussion était inutile s’il n’y avait pas un intérêt derrière mais dans des conditions comme ça, la seule chose que l’on peut faire, c’est parler.
Je me retournai pour lui faire face et m’assis à côté d’elle le dos contre le mur. Je jetai la cigarette loin devant et là j’essayai enfin d’engager une conversation avec quelqu’un. Alors, il fallait en profiter maintenant parce que ça n’arriverait pas tous les jours !

- Pourquoi vous êtes là ?

Je sais. C’est très délicat. Mais, il faut que j’avoue que ça me perturbait un peu quand même. Je tournai ma tête vers elle et la regardai pendant quelques instants avant de dire quelque chose de stupide :

- Si ma question vous gêne dites-le. En fait, pour tout vous dire, je ne sais pas discuter avec quelqu’un donc si je suis abrupte, c’est normal.

Je me pinçai les lèvres depuis quand je parlais aussi bien avec quelqu’un ?! Il fallait que je me reprenne un peu en main. Ça n’allait plus du tout.
Et là, j’eus l’idée la plus intelligente du siècle. Je suis un élémentaire de feu donc je fais du feu logiquement. Cela veut dire que je peux faire du feu pour nous réchauffer. Alors là, il faut avouer que je suis d’une intelligence supérieure ! Ah oui mais non, faire un feu alors qu’il pleut. Mauvaise idée.
Je pouvais être d’une débilité sans égale.
Je me remis à regarder à travers la pluie. Des rats se battaient un morceau de quelque chose pendant qu’une fille de joie courait sous la pluie en cherchant un abri. Elle n’avait pas intérêt à venir là, je n’étais pas d’humeur.

Il s'assit à côté de moi et jeta sa cigarette qui atterit deux mètres plus loin dans une flaque d'eau.

-Pourquoi vous êtes là ? Demanda-t-il.

Je ne répondis pas tout de suite. Cet étrange personnage m'apparut encore plus étrange. D'abbord il me suivait, puis il me donnait sa veste et maitenant il essayait de discuter.

-Si ma question vous gêne dites-le. En fait, pour tout vous dire, je ne sais pas discuter avec quelqu’un donc si je suis abrupte, c’est normal.

Normal? Pour elle, rien en cet homme n'était normal. Elle esquisa un sourir, il annoncait la couleur du style "Je sais pas le faire mais j'essaie quand même". Histoire d'abréger ses souffrances, elle répondi.

-C'est un problème de portail qui m'a ammené ici. Vous devez vous douter que je n'y suis pas venue de mon plein gré. Elle marqua une pause avant de continuer. Un réflexe de l'aristocratie, toujours parler lentement et chercher ses mots. Je ne vais pas vous reposer la même question, ce ne sont pas mes affaires. Par contre, une chose me concerne. Pourquoi m'avez-vous suivit et pourquoi m'avoir donné votre veste?

Lune d'Azur détestait ne pas savoir et ne pas contrôler la situation. Et maintenant, elle ne savait rien et ne contrôlait pas du tout la situation. Elle sentit dans son sang revenir un peu de mana, juste de quoi lancer un banal sort, pas de magie élémentaire. Lui par contre, il semblait avoir toutes les réserves de magie qu'il lui fallait.

[Hs: toujours depuis le portable désolé.]

Après avoir attendu sa réponse, elle consentit à m'abréger mes souffrances. Mais elle termina sa phrase par une question et je détestai ça. Bon, c'est vrai, j'en pose aussi des questions mais je n'aime pas devoir me justifier.

C'est un problème de portail qui m'a amené ici. Vous devez vous douter que je n'y suis pas venue de mon plein gré.

Un silence. Mes doutes se confirmèrent, elle devait être une personne avec une bonne place dans les hautes sphères de la société.

Je ne vais pas vous reposer la même question, ce ne sont pas mes affaires. Par contre, une chose me concerne. Pourquoi m'avez-vous suivit et pourquoi m'avoir donné votre veste?

Là, j'étais mal. C'est vrai que je n'avais pas eu de raisons particulières pour ce comportement digne d'un psychopathe sorti fraichement de l'asile. Je réfléchis quelques secondes, bon, il faut avouer que je m'étais inquiété parce qu'une fille toute seule dans des rues comme ça. Avec les tordus qui trainaient... Alors, je suis resté derrière elle mais elle n'y avait pas eu de dangers particuliers. Prenant une inspiration, je répondis à toute vitesse comme une machine :

-Je vous suivais au cas où il vous arriverait quelque chose sachant que ces rues sont très mal famées.

Mince, j'ai oublié de répondre aussi pour la veste. Je pouvais pas dire que c'était parce qu'elle me faisait un peu pitié toute seule sous son porche. Donc, je décidai de répondre l'excuse simpliste et universelle :

Et pour la veste, je ne sais pas.

Quelle réponse stupide. Je me trouve de plus en plus idiot. La pluie devait me ralentir le cerveau. D'ailleurs, le vent glaciale fouettait toujours nos visages. J'allais devenir tous rouge si ça continuait mais la pluie ne voulait pas cesser de tomber.
Je ne regardai pas l'inconnue à coté de moi, je n'en voyais pas l'intérêt puisque je savais qu'elle était à coté de moi, j'attendais juste qu'elle dise quelque chose. Même si c'était une remarque vexante, c'était pas grave, tant que je n'avais pas à répondre encore à une question.

-Je vous suivais au cas où il vous arriverait quelque chose sachant que ces rues sont très mal famées.

Lune d'Azur sourit mais ne dit rien.

-Et pour la veste, je ne sais pas.

Si lui ne savait qui pouvait savoir? Elle appréciait quand même ce geste même s'il ne semblait pas avoir d'explication. La veste la protégeait du vent froid et elle appréciait la texture du cuir. Par contre l'odeur de la fumée était incrustée dans le cuir. Cela ne la dérangeait pas. Elle n'était particulièrement fan de la cigarette mais beaucoup d'hommes politiques fumaient et à force, elle s'était habituée. Mais elle était prête à parier n'importe quoi que ce n'était pas la même substance qui était fumée. Le vent se fit de moins en moins violent et la pluie calma sa fureur. Il l'avait dit lui-même, il n'aimait pas discuter. Elle préférait ça à un gars qui parlait tout le temps. D'un autre côté, elle aimait bien le son de sa voix.
Avec un peu de chance, elle allait avoir droit à un gros blanc. Ce sera la première fois depuis des millénaires que quelqu'un l'ignore mais bon. Elle avait faim et commencait à fatiguer. Elle allait devoir demander de l'aide. Il ne semblait pas très hostile et il y avait quelques chances qu'il puisse l'aider.

-Savez-vous comment puis-je me rendre à la salle des portails la plus proche?

Ces mots lui arrachèrent la gorge. Elle n'arrivait pas à croire, que elle, Lune d'Azur Laneus Sal Thesna demandait quelque chose à un gars qui vivait ici.

C'est sûr, j'avais passé ma veste dans un élan de gentillesse. Mais maintenant, j'avais froid. J'allai pas lui reprendre la veste puisque je venais de la lui passer. Et on était bloqués là, sous un porche pourri avec une pluie qui passait sous le porche. Donc, il n'abritait presque en rien.
J'avais les yeux bloqué sur le bâtiment d'en face, je ne trouvai pas où je pouvais regarder a part cette sorte de maison à moitié délabré et constellé de graffitis inutiles et hideux.
Après un certain silence, elle me posa une question qu'elle devait ruminer depuis longtemps :

-Savez-vous comment puis-je me rendre à la salle des portails la plus proche?

Je tournai mon regard quelques secondes, le portail le plus proche était en dehors de cette ville et marcher sous ce temps dans une ville rempli de déchets humains était risqué. Même si j'étais armé, je ne suis pas infaillible non plus. Mais, l'inconnue avait tellement l'air affaiblie que je me décidai à l'aider à rentrer au plus vite sûrement chez elle.

Oui mais pour cela, il faut sortir de la ville pour aller dans la ville d'à coté plus... accueillante on va dire.

J'esquissai un sourire. Ce n'était pas le mot accueillant qu'il fallait mais plutôt inoffensive !
Je ne rajoutai rien de plus, c'était à elle de décider si elle voulait partir tout de suite où attendre que la pluie cesse. Et si elle voulait de mon aide ou pas. Je n'aurais rien à perdre de la lui donner parce que je n'ai rien à faire d'autre à part ça. Cela me fera un peu d'animation dans ma soirée.

-Oui mais pour cela, il faut sortir de la ville pour aller dans la ville d'à coté plus... accueillante on va dire.

Ca, elle s'en doutait qu'il ne devait pas y avoir une salle des portails dans la rue d'à côté. De toute façon, il n'y avait pas trente six options qui s'offraient à elle. Soit elle demandait de l'aide, soit elle restait sous la pluie pendant encore plusieurs heures. Elle ne voulait pas demander de l'aide, elle détestait ça. D'un autre côté, elle avait hatte de rentrer chez elle pour étrangler son frère dans les règles de l'art. La jeune princesse soupira un instant et demanda:

-Et, sauriez-vous m'y conduire ou alors juste m'indiquer le chemin?

Histoire de rétablir l'équilibre de l'univers, elle allait sortir une méchanceté mais elle se mordit les lèvres pour ne rien dire. Maintenant, il fallait qu'il accepte de le faire. Elle pouvait le payer, ça allait de soi et il n'allait pas tarder à demander qelque chose en échange.

Elle ignorait dans quel pays elle était mais elle était certaine d'être dans le nouveau monde, ce n'était pas le genre de décors qu'on retrouvait de l'autre côté de la faille du Néant. Elle n'atait pas non plus à Asrrah, elle conaissait tout son royaume et on ne pouvait y trouver de tels lieux abandonés du destin.

Autour d'eux, la pluie se fit moins forte et le vent disparu quasimment. Elle prit ce changement climatique pour un signe du destin qui l'encourageait à bouger. Si le destin lui-même souhaitait la voir bouger, autant obéir. D'un autre côté, le destin n'avait jamais été clément avec elle, loin de là. Elle se leva pour indiquer qu'elle était prête à reprendre le chemin. Seule ou accompagnée, elle était bien déterminée à sortir de ce trous à rats.

Je la sentis hésiter quelques secondes avant de l'entendre me demander :

Et, sauriez-vous m'y conduire ou alors juste m'indiquer le chemin?

Je réfléchis quelques instants. La conduire ne me coutait rien puisque je devais moi aussi rentrer.
Je n'avais pas pour habitude d'aider des inconnus rencontrer dans une ville comme ça mais je sentais qu'elle était différente des autres. Peut-être plus noble, plus grande que tous ces autres individus qui ne faisaient que parler mais n'agissaient pas. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elle m'inspirait confiance mais plutôt du respect. Ce qui m'agaçait beaucoup... Je détestais éprouvé ce sentiment de soumission totale envers une personne que je ne connaissais même pas. Qui me dit que ce n'est pas une terrible tueuse en série ? Non, je l'aurais deviné, je ne suis pas stupide à ce point. Dans tous les cas, j'allais l'aider à sortir de ce trou paumé.
Je sortis de mes pensées quand le tambourinement incessant de la pluie freina et que le vent se calma.
Apparemment, l'inconnue en profita pour se lever comme un signe d'encouragement pour aller à cette fameuse ville. Je lui répondis enfin :

- Je vais vous y conduire. Des explications seraient trop longues.

Oui, j'avais trouvé l'excuse des explications trop longues tout seul ! Je me levai à mon tour et commençai à marcher dans la ruelle qui menait vers la sortie de la ville. Je ne pris pas la peine de vérifier si elle me suivait puisqu'elle m'avait de la conduire jusqu'au portail. Je cherchais dans mes poches de pantalon une cigarette en me rappelant que le paquet avait succombé à la pluie.
Je jurai tout bas. Quelle sale nuit vraiment !
Des rats, des chiens galeux. Voilà ce que l'on croisait la nuit dans les bas-fonds de cette ville. J'avouerai que j'aurais pu très bien m'en passer et que je n'avais qu'une seule envie : rentrer chez moi au chaud.
Après multiples essais d'apercevoir du coin de l'oeil si l'inconnue me suivait toujours, j'abandonnais pour me retourner complètement et la regarder bien en face.

Vaut mieux pas traîner dans le coin ... [pv Sylver] Cupido10

Une obscurité totale, une averse battant son plein, les créatures nocturnes se réveillant pour par la suite errer dans les rues de Gablod. Il était certainement impossible de déambuler en toute sécurité dans ces ruelles mal famées tandis que des voyous et monstres en tout genre se tenaient à chaque coin de rue, prêt à l'assaut.
Encore moins en cette nuit où ces mêmes créateurs s'affaissaient les uns après les autres, tels un domino géant dont la main venant tout bouleverser n'était autre que des flèches. L'ennemi n'était plus non seulement tapi dans l'ombre des bâtiments, mais également dans les airs. C'est là que régissait l'être dont le poison que renfermaient ces flèches était l'un des plus ravageurs et des plus puissants.
La forme volante passa à toute vitesse au-dessus d'une impasse où deux ivrognes se vouaient un combat à mort. Deux flèches filèrent dans la nuit avec un silence des plus totale, se fichèrent dans la chair de ces deux mêmes humains et les paralysèrent aussitôt.
Quelques instants après, ils s'étraignaient sans pouvoir se lâcher, ou, du moins, sans le vouloir.
Un éclat de rire enfantin s'éleva parmi les sombres nuages qui masquaient l'éclat de la lune et résonna entre les bâtisses. Puis, filant à la vitesse de l'éclair, un être passa dans des ruelles en quête de nouvelles victimes. Vous l'aurez compris, cette créature est terrifiante, redoutée de tous en ces temps sombres où l'alcool lui avait permis une escapade, devenue fatale pour ceux qui se trouvaient sur son chemin.
De petites bouclettes blondes dorées maudites, un visage d'ange et rebondit de bébé, le nez rouge à force de boire, un chérubin en couche-culotte doté d'une pair d'ailes, j'ai nommé ...
Cupidon!

« - Trembleeeez mortels! Le Dieu tout puissant de l'amour ne fait pas de quartier! » hurla-t-il d'une voix fluctant entre l'aigu et le grave, avant de tirer sur un petit garçon et une grand-mère qui avaient eu le malheur de laisser leur fenêtre ouverte.

Le petit ange rit aux éclats avant de poursuivre son chemin. Décidément, cette vile d'humains est répugnante! Des échets, plus immondes les uns que les autres, jonchaient le sol. Aucun espace vert, aucun coin naturel. Si Cupidon avait été dans son état normal, il aurait fait scandale et une partie de la ville aurait été rasée.
Oui, SI il l'avait été.
Ça n'était pas le cas. D'un geste souple, sa main se glissa dans la sacoche qui pendouillait lamentablement sur ses hanches, et il en sortit une gourde au contenu douteux. Il l'ouvrit joyeusement, en bu plusieurs goulées avant d'être de nouveau prit de son éternel hoquet, puis d'un rire hystérique. A peine un passant l'avait-il repéré et criait son nom, que, déjà, il était agenouillé près d'un chien en le câlinant affectueusement, une flèche rosée fichée dans son dos.

Bientôt, Cupidon aurait quadrillé l'ensemble de la ville. Il y avait tellement d'humains que c'en devenait presque lassant de tirer au hasard. Malgré son été, le chérubin ivre aimait sélectionner ses victimes avec soin. Il rit en repensant à cet ange et cet humain qu'il avait touchés sans une once de remord. Alors qu'il s'apprêtait à quitter Gablod, son regard bleu azur se posa sur deux silhouettes progressant à une allure pressée à travers les rues de la ville. Il voulu s'emparer de son arc, puis, après mûre réflection -qui ne dura évidemment qu'une seconde- il se résigna et s'approcha telle une ombre des deux inconnus.
Il s'agissait d'un homme et d'une femme. Son regard détailla longuement cette dernière, avant qu'il ne pousse un très léger cri de victoire. Il put l'identifier immédiatement : il ne pouvait s'agir là que de Lune d'Azur Leanus, la princesse et terrible elfe crudelis assoiffée de sang. Cupidon était peut-être un être à part, mais il n'en était pas moins informé! L'homme, quant à lui, lui demeurait inconnu. Tant pis.
Il sourit. Et si la célèbre Lune d'Azur tombait enfin sous le charme d'un humain, alors qu'elle se devait d'épouser un être convenable de sa race et de sa classe sociale?
Sa main trouva sans difficulté les flèches rangées dans son carquois, ainsi que son arc. Il en prit deux et banda son arc.
L'action n'avait durée que cinq secondes.
Perché sur le toit d'une maison, il regarda les deux êtres marcher, puis, soudain, sourit en constatant que l'homme s'arrêtait pour observer la jeune fille.
Parfait.
Ses doigts se relachèrent, les deux flèches fusèrent dans un silence total vers les deux victimes. L'une se ficha dans le dos de l'elfe crudelis, l'autre, dans le bassin de l'humain. Leurs yeux se perdirent dans le vague, signe qu'ils étaient maintenant recouvert d'un impénetrable et insondable voile noir qui ne tarderait pas à se teinter de rose avant de disparaître.
Les flèches magiques s'estompèrent. Et lorsqu'elles disparurent totalement, Cupidon avec elles, ne laissant une fois de plus de son passage qu'un long rire enfantin ...

Lune d'Azur regarda cet homme qui réfléchissait. Elle lui avait posé une question, ce n'était pas difficile de répondre. A quoi pouvait-il penser? Sûrement à ce qu'il allait demander en retour. Elle soupira, ces humains l'exaspéraient vraiment. Mais qu'avait-elle fait au destin pour être tombée dans ce trou à rats? Il s'extirpa de ses pensées et annonça:

- Je vais vous y conduire. Des explications seraient trop longues.
Il fallait avouer que ça aurait pu être pire, au moins, elle avait quelqu'un qui daignait bien l'aider. Il se détourna et commença à marcher. Elle le suivit silencieusement en réfléchissant. Elle était étonnée qu'il n'ait rien demandé en retour. Il avait l'air comment on disait déjà? Ah oui, gentil. Enfin, aussi gentil que pouvait l'être un gars qui connaissait ce dépotoir comme sa poche. Non, ce n'était pas gentil le mot qui convenait. Il semblait s'en ficher comme de sa première paire de chaussettes. Visiblement, l'aider ne lui coûtait rien et ne le dérangeait pas. Il était plutôt du genre, lointain et neutre. Le genre qui ne cherche pas la merde et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Le genre à éviter les gens. Elle se souvint de ce qu'il avait dit "Si ma question vous gêne dites-le. En fait, pour tout vous dire, je ne sais pas discuter avec quelqu’un donc si je suis abrupte, c’est normal." Ce souvenir la fit sourire, il avait essayé de faire la conversation mais il n'était pas tombé sur la bonne personne. Elle trouvait ça plutôt mignon le « j’essaye de parler mais bon, j’suis pas doué ». Elle non plus n’était pas particulièrement fan des longues phrases sans sens et de la philosophie de bar mais son rang l’obligeait à parler. Au final, elle trouvait ça assez reposant comme situation. Lune d’Azur passa ses mains sur sa veste, ce n’était pas du cuir de qualité mais au moins, il la protégeait du vent. Une mèche retomba devant son visage, elle souffla dessus. Une autre mèche tomba encore. Elle en eut marre et lâcha totalement ses cheveux. Ils retombèrent autour d’elle et lui arrivèrent dans le bas du dos. Elle les rejeta en arrière, enfin tranquille. Ce n’était vraiment pas un endroit pour elle. Son accédeur apparut à son bras et bipa. Toujours pas de portail, toujours pas d’appel, toujours pas d’objet mais la fonctionne « habillement » semblait avoir ressuscité. Elle remercia le destin, elle n’allait plus crever de froid. Elle retira la veste, fit apparaître un jeans, une paire de bottes, un tee-shirt et une veste, le tout en noir. Les bottes apparurent, le jeans apparut, le tee-shirt apparut mais la veste resta dans l’accédeur. Evidemment pourquoi est-ce que quelque chose fonctionnerait convenablement dans ce trou perdu ? Elle remit la veste qu’il lui avait donnée, c’était déjà ça. Bon, elle n’était plus trempée et n’avait plus froid, c’était déjà ça.
Soudainement il s’arrêta et se tourna vers elle. Il la regarda bien en face et elle se demanda ce qu’il lui voulait. Elle essaya de détailler son visage ou de lire dans ses yeux mais n’y arriva pas. Encore une fois, il semblait calme et neutre. Elle ne savait pas comment réagir. Soit il était calme parce qu’il avait un truc derrière la tête, soit il était calme parce que … en fait, elle n’en savait rien. C’était la deuxième fois ce soir qu’elle n’avait pas de deuxième option. Elle le regarda de haut en bas, il était plutôt beau même si une douche ne lui ferait pas de mal et peut être des vêtements un peu plus neuf. D’un autre côté, dans ce genre d’endroit, les gens ne devaient pas beaucoup faire attention à leur tenue.
-Il y a un problème ? demanda-t-elle.
Il devait y en avoir un puisqu’il s’était arrêté et qu’il la regardait.
Soudain, grâce à sa magie, elle sentit une présence quelque part dans l’ombre. Au même moment, elle sentit quelque chose dans son dos. Elle ferma les yeux pour encaisser la douleur et crut à un moment qu’elle allait s’évanouir. Elle rouvrit les yeux et vit un voile rose recouvrir son regard pendant une seconde. Lune d’Azur se ressaisit et passa une main dans son dos à la recherche une blessure mais elle ne sentit rien. Dans l’air, un rire enfantin résonna. Ça devait être dans sa tête, un rire d’enfant n’avait rien à faire ici. Elle soupira et reposa son regard sur l’humain. A ce moment, elle crut être frappée par la foudre. Sa respiration se coupa, une boule se forma dans sa gorge et son cœur commença à battre si fort qu’il menaça de s’échapper de sa poitrine. Plus rien autour d’elle n’existait, il n’y avait que lui. Non, ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas être tombée amoureuse d’un humain. Elle recommença à respirer normalement mais les battements de son cœur étaient toujours bien trop rapides et violents. Elle n’avait pas envie de faire une crise cardiaque ici, pas maintenant. Elle sentit dans son sang revenir encore un peu de mana. Elle s’en servit pour calmer les battements de son cœur. La princesse n’arrivait toujours pas réaliser ce qui était en train de se passer. Encore une fois, deux voix s’opposèrent dans son esprit. La première, celle d’elfe crudelis lui disait de le dépêcher de la conduire à la place des portails la plus proche. La deuxième disait encore une fois à la première de la fermer. Elle ne fit rien, elle ne dit rien, elle était trop bouleversée pour même songer à réfléchir. Il se dégageait une aura de lui qui l’attirait irrésistiblement. Elle voulait être au chaud dans ses bras, s’y sentir en sécurité, l’embrasser et passer le reste de ses jours dans ses bras.
*Lune d’Azur ! Réveille-toi* Cria une voix dans sa tête.
Se réveiller ? Elle rêvait ? Oui peut être. Lorsque la pluie recommença à tomber et qu’elle la sentit ruisseler sur son visage, elle comprit que ce n’était pas un rêve. Dommage. Dans son monde onirique, elle pouvait tout contrôler. Ici, tout semblait lui échapper.

Après l'avoir analysé de haut en bas, je remarquai qu'elle avait changé de tenue mais aussi de coiffure, elle était vraiment jolie. Je n'ai pas le talent des poètes mais si j'avais ce privilège, j'aurais fait plus de mille éloges sur cette inconnue venue de je ne sais où dans une ville inutile et putride. Me tirant de mes pensées, je voulus faire une remarque mais elle ne m'en laissa pas le temps :

Il y a un problème ?

Je fronçai les sourcils, je ne supportai pas qu'on me parle comme ça. J'allais répliquer quand quelque chose me traversa le bassin sans laisser de trace. J'émis un râle discret quand mes yeux se mirent à voir rose. Je clignai des yeux pour revoir enfin normalement. Normalement est un bien grand mot, je ne voyais pas normalement, je voyais l'inconnue en face de moi. Je sentais l'inconnue en face de moi. J'entendais l'inconnue en face de moi. Je respirais l'inconnue en face de moi. Ma source d'oxygène se dressait devant moi, me faisait exploser le coeur dans des battements rapides et incessants. Mon sang n'avait jamais circulé aussi vite, je savais qu'avec elle en face de moi, je pouvais vivre paisiblement. Soudain révélation ! C'était ça qu'on appelait « être amoureux » ?
Moi ? Sylver ? Amoureux ? Et puis quoi encore ! Je n'ai pas de temps à perdre avec une personne que je connais à peine et qui ne m'accordera aucune intention. Mais quand on y pensait, comment résister à un visage d'une beauté inégalable et un corps d'une perfection sans précédent ?
Non ! Je ne céderai pas. Quoique... J'avais juste une envie, c'était de courir vers elle, l'embrasser, la prendre dans mes bras et l'enlever à tout jamais. C'est ça et après si elle veut pas de moi, je fais quoi, je la ramène ici ? Mais je sentais que je ne pouvais vivre sans elle, me séparer d'elle serait trop douloureux.
La pluie recommença à tomber, et je restais là comme un parfait idiot à ne pas savoir quoi faire tout en la regardant dans les yeux. Seule elle pouvait décider. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi, je n'aurais pas la force de répliquer et de désobéir. Même si ces mots me semblent irréels, j'étais obligé de le penser. Je l'aime.
Je me forcis cependant à lui répondre malgré ma gorge sèche et la boule de stress insoutenable dans mon estomac :

- Je... Je ne sais pas.

Sylver, roi des looser. En plus ça rime. Je baissai les yeux par honte et attendis car apparemment c'était la seule chose à faire.

- Je... Je ne sais pas.

S’il ne savait pas, ce n’était pas elle qui allait savoir. Que pouvait-elle faire maintenant ? Une chose était sûre, ils avaient bien l’air cons tous les deux, là, au milieu de nulle part. Que dire ? Que répondre ? Elle n’en savait rien mais il s’était bien retourné pour quelque chose. Bon, il avait sorti une phrase et dans le principe d’une conversation entre gens normaux, c’était à elle. Elle était face à deux problèmes : le premier était que sa seule chance de sortir d’ici était là à la regarder comme si elle avait des antennes. Le deuxième était que son cœur avait recommencé à battre alors qu’il n’avait prononcé que quelques mots. Pour sortir d’ici, il n’y avait qu’une chose à faire, redescendre sur Eséphia et arrêter de voler dans les petits nuages. Elle inspira profondément et sera les dents. Elle ne se laissait pas aller lorsqu’elle se prenait des coups, elle n’allait pas se laisser aller pour un bellâtre d’égout. Elle reprit ce masque froid et sévère qu’elle avait l’habitude d’arborer par simple mécanisme de défense.

-Si vous ne savez pas, ce n’est pas moi qui vais le savoir. Ça vous dérangerais d’avancer ? Je n’ai pas toute la vie devant moi.

Ça c’était fait. Elle était bien obliger de le remuer un peu puisque visiblement, il ne voulait pas bouger. Ce n’était pas très gentille de sa part mais elle ne s’en voulait pas, elle ne savait pas ce que c’était s’en vouloir. Il se retourna et se mit en route. Elle enfonça les deux mains dans les poches et le suivit de près cette fois-ci. Pourquoi ? Elle avait envie d’être près de lui. Elle n’avait pas de mot pour le décrire, il était juste unique et presque tout droit sorti de ses rêves. Elle tenta de se ressaisir, elle ne pouvait pas être amoureuse, pas aussi vite et pas autant. Elle avait cette envie de se blottir dans ses bras et d’y rester jusqu’à la fin de ses jours. Mais lui ? Que pensait-il d’elle ? « Une bourg à deux balles s’est paumée dans le trous du cul du monde et je dois la sortir de là ». Ça devait être ça. Y penser lui fit du mal.
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans une rue un peu plus large. C’était une bonne nouvelle, c’était le signe qu’ils allaient bientôt sortir de là. Son guide s’arrêta et elle se plaça près de lui. Ce n’était pas étonnant qu’il se soit arrêté, une bande de casseur leur barrait la route. Lune d’Azur soupira, ce n’était vraiment pas le moment de l’énerver. Ils étaient à une dizaine de mètres d’eux avec leur look « rebelle raté ». C’étaient une bande de gros bras tous humains. Ils avaient des cicatrices, des tatouages, des chaînes et des barres en métal.

-Alors mon gars, on promène sa chienne ? Lança un des gars avant de déclencher un fou rire général.

Lune d’Azur n’apprécia pas du tout mais alors là, vraiment pas. Elle s’avança vers celui qui avait dit ça, un abruti plus grand qu’elle et qui devait peser grand-chose. Sur le temps qu’elle avança une dizaine d’injures et « wouf » retentirent. Le mec qui avait dit ça rigola lorsqu’elle fut arrivée près de lui. Il cessa immédiatement de rire lorsqu’elle l’attrapa par le col de sa veste et le balança par terre. Alors qu’il essaya de se relever, elle lui renvoya un coup de pied qui lui explosa le nez. Il avait vraiment de la chance qu’elle n’ait pas d’arme sur elle. Derrière elle, un autre lui attrapa le bras. Elle se tourna et le coup de pied qu’il se prit dans l’abdomen lui fit lâcher sa barre de métal et l’envoya contre le mur d’en face. Il tomba inconscient au sol et du sang coula de sa bouche. Elle avait dû lui exploser un ou deux organes mais elle s’en moquait, il ne fallait pas chercher une elfe crudelis. Elle ramassa la barre de métal au sol et se mit en garde. Avec ça, elle allait pouvoir faire encore plus de dégâts. Elle regarda ceux qu’il restait, une dizaine et ce n’était pas des rigolos. Visiblement, ils n’étaient pas très content qu’une fille ait mit par terre deux de leurs gars. Manque de chance pour elle, elle était tombée dans un trou à rats où personne ne semblait savoir ce qu’était un elfe crudelis. En fin de compte, c’était un manque de chance pour eux.

Il y eut un silence lourd où je la dévisageai comme si je la voyais pour la première fois. A coté d'elle, je me sentais gauche et inutile, j'allais m'approcher d'elle quand elle répliqua :

Si vous ne savez pas, ce n’est pas moi qui vais le savoir. Ça vous dérangerais d’avancer ? Je n’ai pas toute la vie devant moi.

Je le savais, j'étais seul à l'aimer comme une tâche. Mais je me ressaisis, je n'allais pas me laisser faire comme ça. Je ne répliquai même pas, ça pourrait lui faire plaisir. Je fis volte-face et recommença à marcher la tête baissée.
Et pourtant, j'avais envie d'être avec elle mais ma conscience me soufflait que vu comment elle me parlait, il ne fallait pas trop espérer et ne pas se laisser faire comme un moins que rien. Bon, elle devait sûrement pour une personne sous-doué qui habitait là sans
raison. Juste celle de boire. Je n'essaierai même pas de prouver le contraire, après tout, j'allais juste l'aider et ensuite ça fera « Tchao! ». Mais serais-je capable de la quitter comme ça ? Sans rien faire ? Je ne savvais plus quoi penser.
Quand je relevai la tête, je vis une bande de gros loubards remplis de bières et de sueur devant nous. Moches, puants et inutiles. Voilà les mots qui les définissaient. Celui qui avait l'air d'être le chef de la bande (en gros, celui qui avait le plus de tatouages et qui avait une grosse barre de métal dans les mains) lança :

Alors mon gars, on promène sa chienne ?

J'allais lui répliquer d'aller se voir et de se pousser de mon chemin quand l'inconnue se mit a avance vers lui d'un air menaçant. Les injures fusèrent dans tous les sens. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ? Elle voulait se faire démolir ou quoi ? J'avançai de quelques pas pour la rattraper quand elle me surprit plus qu'autre chose. Elle saisit l'autre au collet et le jeta à terre comme une loque. Mes yeux s'écarquillèrent d'étonnement et puis je me rappelai soudainement que c'était une elfe crudelis et qui ne fallait pas l'oublier. Je la regardai mettre un autre gars K.O avec de simples gestes qui avaient du détruire pas d'organes vitaux. Quand la dizaine de gars la regardèrent comme un chasseur regarde une proie, je décidai d'intervenir et me mis à ses cotés. Je sortis mes deux pistolets et je tirai. Tête, tête, oeil, ventre. Ils s'écroulèrent comme des gros sacs par terre. Le sang se mélangea à la pluie et ruissela le long des trottoirs jusqu'à une bouche d'égouts. Je regardai les 6 autres qui ne savaient plus comment réagir et nous regardaient maintenant comme si nous étions des monstres. Je commençai a avancer vers eux et ils s'écartèrent sur mon chemin. Je me retournai :

Bon, vous venez ou pas ?

Moi aussi je pouvais parler méchamment si je voulais. Je rangeai mes armes et l'attendis. Au pire, j'avais tout mon temps mais sous la pluie c'était plus gênant.

Lune d'Azur était dans une sale situation, elle n'allait pas tenir longtemps. Le gars qui lui servit de guide la rejoignit et tira. C'est vrai que dans ce cas-là, des pistolets ça pouvait être bien pratique. Les coups résonnèrent et plusieurs tombèrent à terre, morts. Le sang coula à flot et c'était très tentant. Mais bon, il était hors de question qu'elle touche à ce genre de sang. Après avoir tiré, il continua à avancer et les gens s'écartèrent sur son passage. Lune d'Azur le regarda, il venait de descendre plusieurs hommes et il avait l'air de s'en foutre comme de sa première paire de chaussettes.

*Pas mal* Se dit-elle.

Il la sortit de son admiration en appelant:

-Bon, vous venez ou pas ?

-J'arrive. Lâcha-telle avant de le suivre.

Elle n'arrivait pas à croire qu'elle obéissait à un ordre direct. En plus, c'était limite s'il ne l'avait pas sifflée. Elle se redemanda alors s'il avait la moindre idée de qui elle était. Sûrement pas. Alors qu'elle allait lui demander, un bruit audible uniquement pour un elfe crudelis retentit une dizaine de mètres derrière eux. Elle se retourna, un des gars encore en vie avait sorti un pistolet identique à celui qui venait de faire autant de dégât. Il était pointé vers celui qui l'avait aidé depuis le début. L'homme qui tenait l'arme sourit et appuya sur la gâchette et la balle partit. En une fraction de secondes, il se passa plusieurs choses dans l'esprit de Lune d'Azur. Son coeur qui battait comme jamais lui faisait souffrir et une certitude s'afficha, elle aimait ce gars qu'elle venait juste de rencontrer. C'était très difficile à admettre mais c'était la vérité. Elle eut un seul réflexe, celui de le sauver. Elle le poussa et encaissa la balle à sa place.

Lune d'Azur tomba à la renverse, ça ne faisait pas du bien du tout. Elle avait pris la balle dans le bas du ventre, heureusement que le tireur ne savait pas viser. Elle serra les dents, et ferma les yeux, la douleur était bien là mais visiblement, son corps n'avait pas envie qu'elle sombre dans une inconscience salvatrice. A ce moment, elle remercia le destin d'être une elfe crudelis parce qu'elle n'avait pas du tout envie de pleurer devant lui. Elle passa une main sur sa blessure, ça dégoulinait de sang. La balle était à l'origine de plusieurs salves de douleur qui se propageaient dans son corps et l'empêchait de se concentrer. Il suffisait qu'elle puisse se concentrer quelques secondes pour refermer la plaie magiquement.

Une voix chanta dans son esprit "tu vas crever là". Ca c'était son côté elfe crudelis qui n'avait pas du tout apprécié qu'elle risque sa vie pour un humain. Sauf que ce n'était pas n'importe quel humain, c'était celui qui faisait battre son cœur. Les salves de douleurs étaient de plus en plus puissantes, ça faisait trop mal. Un gémissement s'échappa de sa gorge. Le gémissement aurait dû être à la base un cri mais elle n'avait ni envie de crier, ni envie de pleurer.

Lentement, la douleur diminua. Deux options : soit la douleur diminuait vraiment parce qu'un sort était en action, soit elle n'allait pas tarder à aller faire un tour au royaume des morts. Plus la douleur diminuait, plus ses muscles se détendaient lentement. Elle rouvrit les yeux. Elle voyait flou mais arrivait à distinguer les yeux bleus de celui qu'elle venait de sauver. Il était près d'elle. Elle était contente, il n'avait rien. Elle tenta désespérément de garder les yeux ouverts mais n'y arriva pas. Lune d'Azur esquissa un dernier sourire et ferma les yeux.

Dans son esprit, tout était en train de se mélanger. Des scènes apparaissaient et disparaissant, des sons y semblaient associés mais elle savait qu'ils ne correspondaient pas. Elle était là debout, telle un fantôme tandis que toute sa vie défilait autour d'elle. C'était donc ça mourir? Elle ne savait pas, elle n'était jamais morte mais il paraît que chacun vit ça différemment. Elle tenta de se rappeler, le tireur n'avait pas d'arme magique, cela signifiait qu'elle pourra facilement être ressuscitée. Elle se sentait étrangement calme et regardait passer sa vie autour d’elle comme s’il s’agissait d’un simple film. Elle avait plusieurs fois imaginé sa mort mais jamais de cette façon. Qui aurait cru que Lune d’Azur Laneus Sal Thesna, descendante de la lune, mourrait dans un trou perdu. Il allait en avoir gros sur la patate son frère. D’un autre côté, ce n’était peut-être pas lui qui avait piraté son accédeur de la sorte. Elle connaissait son frère et il n’aurait jamais coupé les fonctions d’appel. Il ne lui restait plus qu’à retrouver celui qui avait fait ça. Enfin, une fois qu’elle sera de nouveau sur Eséphia.

Enfin, arriva le moment de sa mort, elle le revit. Son cœur se serra lorsqu’elle regarda celui pour qui elle s’était sacrifiée. Elle ne savait pas pourquoi mais elle l’aimait. C’était comme ça, un point c’est tout. Depuis le royaume des morts, elle vit ce qu’elle n’avait pu voir lorsqu’elle était sur Eséphia. Il avait essayé de la sauver. Peut-être que dans le fond, lui aussi il l’aimait. La scène prit fin et elle se trouva dans un étrange endroit, elle aurait dit le Néant. Il n’y avait rien, elle flottait dans le vide. Tout était noir et elle avait l’impression que rien n’existait. Au fond, devant-elle, une lumière apparut, sûrement le passage vers le royaume des morts. Elle s’y dirigea mais elle avait l’impression d’être sur un tapis roulant, plus elle accélérait, plus la lumière s’éloignait. Elle se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait pas ça ne changea rien. Soudain, elle cessa de flotter dans le vide et chuta … encore dans le vide. Elle hurla, ayant l’impression de tomber dans cesse.
Lune d’Azur rouvrit les yeux, sa vue était encore floue mais elle n’avait plus mal. Elle avait l’impression de s’être réveillée d’un long sommeil. Elle attendit quelques secondes que sa vision se stabilise et regarda autour d’elle. Elle était encore dans cette ville paumée et il était là, là près d’elle. Mais qu’est-ce qui s’était passé ? Soit elle avait déliré totalement, soit elle avait vraiment été au royaume des morts et quelque chose l’avait ramené sur Eséphia. Elle ne saura sans doute jamais ce qui s’était vraiment passé. Elle passa une main sur son ventre, la blessure avait disparu. La balle était sans doute encore là mais du moment que la blessure était refermée, tout ira bien. Son cœur se remit à battre comme jamais, elle n’arriva pas à croire qu’il était resté près d’elle pendant tout ce temps. D’un autre côté, elle lui avait quand même sauvé la vie. D’ailleurs, combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle avait fermé les yeux ? Ca non plus elle ne le saura jamais. Elle se releva avec son aide et lui sourit.
-Merci. souffla-t-elle.
Que dire de plus ? Rien d’autre. Elle vacillait un peu, toujours dans les vapes mais elle sentait en elle que tout son mana était revenu. Elle avait donc bien été au royaume des morts et quelque chose l’avait ramené sur Eséphia. Se pourrait-il que ce soit lui ? Oui, c’était possible, ou alors c’était le gardien du Temps qui estimait qu’elle n’avait pas fini sa mission sur cette planète. Encore une chose qu’elle ne saura jamais.
Lune d’Azur détailla les magnifiques yeux bleus face à elle. Il avait l’air content qu’elle soit vivante. Bon, elle n’allait pas rester là face à lui pendant deux cent ans non plus. Elle avait envie d’être dans ses bras. Et après tout pourquoi pas ? Elle fit comme si elle allait de nouveau retomber dans les pommes et lui tomba dans les bras. C’était comme elle l’avait imaginé, tout chaud, elle s’y sentait en sécurité et son cœur battait encore plus fort.

J'entendis un «J'arrive » de sa part ce qui me permis de me retourner et continuer mon chemin. Maintenant je regrettais d'avoir été aussi dur. J'allais m'excuser et même demander son prénom parce que la curiosité était plus forte que tout. Je venais peut-être de la rencontrer mais j'étais amoureux, j'en étais certain. Je le sentais et je n'avais aucun doute.
Sur le bord de me faire pardonner, quelqu'un me poussa violemment. Je réussis à garder mon équilibre mais l'inconnue tomba en avant, une trace rouge la suivant. Là-bas, le gars que j'avais touché au ventre avec un pistolet qui rendu son dernier soupir, un sourire aux lèvres.
Je venais de comprendre la scène ou en tout cas j'avais une hypothèse. L'autre gars avait voulu tirer sur moi mais l'inconnue avait préféré se prendre une balle à ma place. Une totale panique m'envahit, je me mis à genoux à coté d'elle et mis ma main sur sa blessure pour qu'elle saigne le moins possible. Stupide réflexe humain.
Je regardai son visage, elle était encore consciente. La douleur se lisait sur son visage. Je lui caressai le visage pour la calmer quand pris d'une rage soudaine, je me relevai et tuai les six autres gars qui étaient restés là, les visages figés par la peur.
Le temps que j'élimine les autres, elle s'était déjà rendu compte de sa blessure en voyant sa main ensanglanté. Je me remis à ses cotés, lui prenant la main.
Un sort pour refermer la plaie était risqué puisque je en savais pas si elle était en mesure de se concentrer.
A cet instant précis, je me rendis compte que la seule que j'aimais était en train de mourir sous mes yeux sans que je puisse faire quelque chose. Inutile, c'était tout ce que j'étais maintenant. Je pouvais que la regarder se vider de son sang. De toute façon, je tremblais tellement que je n'aurais pas pu faire un geste pour l'aider.
Un gémissement s'échappa d'elle, ça m'acheva.

Merde, merde, merde.

Seul mot que je réussis à penser. Je savais que tuer, je n'avais jamais appris à guérir.
Puis, je la sentis s'éloigner, son pouls battait moins vite, sa respiration ralentissait à mesure que les secondes passaient.
Et ses magnifiques yeux s'ouvrirent une dernière fois pour que je puisse me plonger dans son regard , elle tout ce qu'elle devait voir c'était un visage trempé par une pluie incessante. Vive son dernier regard sur ce monde.
Elle était partie, sa poitrine s'arrêta, ses paupières se fermèrent.
Je fermais mes yeux un instant, fronçant les sourcils, je réfléchis à toute vitesse. Je ne pouvais pas la perdre maintenant que je l'avais rencontré. Ça ne pouvait pas finir comme ça. C'était impossible. Je rouvris les yeux, la pris dans mes bras et courut vers la maison la plus proche. Je défonçai la porte pour entrer au sec. Il n'y avait personne et l'endroit était sale. Mais tant qu'elle était au sec, c'était déjà ça.
J'enlevai ma veste pour mieux examiner la blessure, la balle était profondément encré et je ne pouvais la ressusciter que si le projectile était enlevé. Pas de pince sur moi ni aucun outil fin. Je me concentrai puis plongeai mes deux doigts dans le bas de son ventre pour récupérer cette satanée balle. L'objet se retira assez facilement, je le jetai loin de moi et commençai à entamer un sort pour la faire revivre. Après plusieurs incantations, le souffle fut inspiré en elle. La blessure se referma tout doucement pour laisser place à son ventre lisse.
Je la regardai, les yeux remplis d'espoir. Ses yeux s'ouvrirent dans la pénombre de la maison inhabitée. J'allai à la porte pour regarder dehors.
La pluie s'était arrêtée pour laisser place à un calme reposant. Je me pressai à coté d'elle et l'aida à se relever, je la laissai s'appuyer sur moi. Son contact m’apaisa J'entendis un petit :

-Merci

-Te fatigues pas, c'est normal après tout.

Quand elle vacillait, je l'aidai à rester debout. J'étais content de la revoir comme ça.
Je m'éloignai un petit peu d'elle quand elle s'évanouit, je la rattrapa de justesse avant qu'elle ne tombe.
Je décidai de la prendre dans mes bras et de continuer la route pour le portail. Malgré le vent, je marchai. Plus rien n'avait d'importance à part cette inconnue dans mes bras pour qui je donnerais ma vie sans poser de questions.

-Te fatigues pas, c'est normal après tout.

Il la prit dans ses bras et elle ne s’y attendait pas. Il l’emmena dehors et ce fut à ce moment qu’elle remarqua qu’il l’avait emmenée à l’intérieur d’une maison miteuse. Dehors, la pluie semblait avoir définitivement cessée. Elle était bien dans ses bras mais sa dignité la poussait à en descendre.

-Je peux marcher vous savez.

Ce n’était pas parce qu’il l’avait tutoyé qu’elle allait en faire autant. Il la reposa à terre et Lune d’Azur sentit son cœur continuer à battre. Elle fixa ses yeux de glace. Depuis qu’elle était revenue, son cœur n’arrêtait pas de battre. Elle l’aimait, elle en était sûre mais elle ne voulait pas être séparée de lui. Malheureusement, elle avait des responsabilités et ce n’était pas vraiment un endroit pour elle. Cela faisait quelques secondes qu’aucun des deux n’avait dit un mot et elle se lança :

-Je l’ai déjà dit mais je le redis encore une fois, merci de m’avoir ramené sur Eséphia avant que je ne sois emportée au royaume des morts. J’espère ne pas vous avoir causé trop de peur mais ne vous inquiétez plus pour moi, ce n’est pas la première fois que je suis blessée de cette façon et ça ne sera pas la dernière fois.

Elle marqua une pause avant de continuer :

-Je viens de me rendre compte que je ne connais même pas votre nom.

C’était certain qu’aimer quelqu’un dont on ne connaissait pas le nom pouvait compliquer les choses. Elle avait de nouveau envie de se blottir dans ses bras sauf que cette fois, elle n’avait pas d’excuses. Lune d’Azur se sentait très étrange, une sensation bizarre. Elle se sentait calme et relax. C’était la première fois que cette impression de détente l’envahissait. Elle ne pensait plus aux problèmes de sa vie de princesse, elle ne pensait plus au malheur qui lui servait de vie, elle ne pensait plus aux Nécrosoris. Tout ce qui comptait dans son esprit, c’était lui. Elle aimait tout en cet humain, ses cheveux blonds comme les blés, ses yeux bleus glacial, les traits de son visage et son aura. D’ailleurs, elle observa ses yeux, elle trouvait étrange qu’un élémentaire de feu ait les yeux bleus mais quels yeux. Elle ferait n’importe quoi pour rester près de lui mais lui ne devait pas ressentir la même chose pour elle, il aurait déjà fait quelque chose s’il ressentait quelque chose pour elle.

Maintenant, elle en était persuadée, il ne savait pas qui elle était. Il arrivera bien un moment où il lui posera la question, elle sera obligée de lui mentir à moitié. Elle ne voulait pas qu’il l’appelle Votre Altesse ou même Lune d’Azur. Elle voulait être proche de lui, elle refusait qu’une quelconque royauté ne les sépare. Franchement, elle n’avait ni une vie facile, ni une vie agréable et ça faisait du bien de voir un rayon de soleil comme lui dans sa vie.

Même pas après quelques pas et sûrement parce qu'elle avait une réputation à soigner. Elle me répliqua :

-Je peux marcher vous savez.

Aïe. Je l'avais tutoyer sans son accord et le simple fait qu'elle me vouvoyait me rendais mal à l'aise. Je la posai et la fixai quelques secondes. Tout allait trop vite pour moi. Je n'arrivais plus à suivre. Oui, je l'aimais. Elle m'avait sauvé donc elle devait bien ressentir quelque chose pour moi. Mais cela se sentait que nous étions de deux mondes opposés. Elle respirait l'aristocratie et je puais la saleté de mon métier. Tout nous séparait. Les relations, la richesse... Sauf peut-être ce lieu et je me demandais encore comment elle avait fait pour se retrouver dans un trou pareil. J'étais peut-être un mage mais je ne savais même pas si ça nous rapprochait ou pas. Rien que de penser à tout cela, ça me déprimait.

Je l’ai déjà dit mais je le redis encore une fois, merci de m’avoir ramené sur Eséphia avant que je ne sois emportée au royaume des morts. J’espère ne pas vous avoir causé trop de peur mais ne vous inquiétez plus pour moi, ce n’est pas la première fois que je suis blessée de cette façon et ça ne sera pas la dernière fois.

Causé trop de peur. N'importe quoi. Moi, peur ? Jamais ! Bon, d'accord, j'avoue, j'ai eu la trouille de ma vie de la voir s'effondrer par terre et de ne plus sentir son pouls. Mais ça, jamais je ne l'avouerai à personne. Attendez...
Réception de la dernière phrase. « Ce n'est pas la première fois que je suis blessée de cette façon et ce ne sera pas la dernière fois. » C'est bon, c'était sur. Elle était vraiment haut placée. Si haut placée d'ailleurs que des gens attentaient à sa vie. Rassurant, très rassurant. Elle continua :

-Je viens de me rendre compte que je ne connais même pas votre nom.

En parlant de ça, moi non plus, je ne connais pas son nom. Je répondis immédiatement :

-Désolé, je m'appelle Sylver.

Maintenant, je ne regrettais plus de n'avoir pas eu un contrat. Avec ça, je n'aurais pas pu la rencontrer. Ni avoir une soirée aussi mouvementée. J'en avais plus rien à faire de l'argent, il n'y avait qu'elle qui habitait mes pensées. Je n'avais plus de pensées noires, plus de souvenir déprimants. Juste elle. Je voulais la prendre dans mes bras. Sentir mes lèvres contre les siennes.
Je la voulais.
Bon, j'allais pas rester là comme un benêt :

-Et vous quel est votre nom ?

Vouvoiement, je n'osais plus la tutoyer maintenant. C'est vrai qu'on se connaissait à peine après tout. Je recommençai à marcher pour montrer l'exemple parce que face à ce vent, c'était pas non plus plaisant.

-Désolé, je m'appelle Sylver.

Sylver? C'était très beau comme prénom. En anglais cela signifiait argent. L'argent, un métal précieux, brillant et solide. Un peu comme lui. Son prénom résonna dans son esprit, c'était magique. Elle l'aimait vraiment, même jusqu'à son prénom. Son nom à elle, à l'origine était Azuria. Azuria, Azur, Sylver, deux couleurs qui devraient bien aller ensemble (coucou Gab).

-Et vous quel est votre nom ?

Il posa cette question et se remit à marcher. A un moment, elle crut qu'il avait demandé ça par automatisme et qu'il s'en moquait. Elle marcha avec lui et lorsqu'elle croisa son regard, elle comprit qu'il ne s'en moquait pas. Deuxième problème, elle s'imagina lui dire "Je suis Lune d'Azur Laneus Sal Thesa, fille de feu Lune Blanche Laneus Sal Thesna ancienne reine d’Asrrah et de feu Résalus Laneus Sal Thesna ancien roi d’Asrrah, princesse régnante d'Asrrah, mage de l'ombre spécialisée en sang, omnyo totale et nièce du roi des elfes crudelis". C'était certain qu'il aurait déjà du mal à tout enregistrer mais ensuite, il l'appellerait tout le temps "Votre Altesse" et elle ne voulait pas de cette distance entre eux. Donc, elle sortit un demi-mensonge:
-Je me nomme Azuria
Pourquoi n’était-ce qu’un demi-mensonge ? Parce qu’à sa naissance, ses parents l’ont appelée Azuria. Ce n’est qu’après leur mort, qu’elle a dû prendre le nom de Lune. Rien que de penser à ses parents, la tristesse l’envahie. Ils lui manquaient tant, elle se sentait si seule. Elle avait son frère et il comptait beaucoup à ses yeux même si des fois elle avait envie de l’étrangler. Elle ne savait pas trop ce qu’elle avait pu faire au destin mais il lui en voulait. D’un autre côté, il lui avait envoyé Sylver. Elle était plongée dans ses pensées et autour d’eux, le paysage changea lentement. Les rues s’élargirent, les murs n’étaient plus barbouillés, les maisons étaient habitées et ils croisèrent même quelques personnes.
Une dizaine de minutes plus tard, la place des portails s’étendaient devant eux. Au-dessus des portails étaient affichés les noms des destinations. Elle se dirigea vers le responsable et expliqua que la fonction de son accédeur avait des défauts. Elle put le connecter à la borne centrale et il fonctionna de nouveau et elle revint vers Sylver.
-Merci de m’avoir aidé.
Elle eut un pincement au cœur, elle ne voulait pas le quitter, elle craignait de ne plus jamais le revoir. Que ferait-elle sans lui ? Pas grand-chose, elle retournerait à sa triste vie qui avait une sérieuse tendance au mélodramatique. Non, elle n’avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit de laisser partir la seule chose qui insuffle un peu de vie en elle. D’un autre côté, même si elle en avait très envie, elle ne pouvait pas lui sauter dessus, l’embrasser et passer sa vie dans ses bras. Que faire ? L’inviter au palais ? Il comprendrait directement qui elle est et ça risquerait d’installer cette distance entre eux. D’un autre côté, elle n’avait pas le choix, soit elle prenait le risque, soit elle le perdait totalement.
-J’aimerais vous remercier, accepteriez-vous de venir dîner à la maison ? Demanda-t-elle un peu gênée.
La maison. C’était une très grande maison qu’elle avait. Pourquoi avait-elle sortit le mot maison ? Le palais faisait plus de 20 km carrés. C’était une très grande maison.

Je n'avais dit que mon prénom par automatisme. J'étais trop habitué à la méfiance qui m'habitait tous les jours. Pourtant avec elle, je savais que je pouvais tout dire. Même que je tuais des gens pour de l'argent. Non, remarque, ça je ne le dirais pas, je n'avais pas envie qu'elle me prenne pour un psychopathe en manque de sous et de sang.
Elle s'était mis à ma vitesse à coté de moi. Nos regards se croisèrent un instant, mais ces quelques secondes suffirent à faire battre un peu plus fort mon coeur. J'avais même peur qu'elle l'entende cet imbécile !

- Je me nomme Azuria.

Azuria... Ce prénom était magnifique tout comme elle. Ça ne m'étonnait pas qu'elle porte un aussi jolie prénom. Il parvenait enveloppé d'une aura douce jusqu'au oreilles comme un chant mélodieux. Et sa signification pouvait être tout aussi belle. Azuria, azur, le ciel. Une immensité sans fin qui nous intriguait depuis des millénaires. Quelque chose que nous ne pouvions pas toucher mais juste regarder. Je descendis de mon monde onirique quand les ruelles devenaient des rues et qu'elles s'éclaircissaient au fur et à mesure de notre progression.
Je me fixai sur l'objectif qu'il fallait atteindre ce portail pour le bien de Azuria.
Enfin arrivé à la place des portails, elle s'avança vers le gardien et parla avec lui. Pendant ce temps, je lisais les noms inscrits au-dessus des différents portails. Quand on y réfléchissait bien, qu'est-ce que l'on ferait sans ça ?
Azuria revint vers moi après avoir connecté son accédeur à la borne.

- Merci de m'avoir aidé.

J'espérai juste pour ma fierté de ne pas avoir rougit comme un concombre. Elle allait partir enfin de cette ville pourrie et des ces ruelles sales. Elle allait rejoindre son monde, sa famille, sa façon de vivre. Je ne la reverrai peut-être jamais, il n'y avait aucune chance après tout. Je n'étais qu'un mage de feu qui exerçait un métier que les autres fuyaient. C'était même improbable que je rencontre une personne comme elle ici.

-J'aimerais vous remercier, accepteriez-vous de venir dîner à la maison ?

Au début, je ne bougeai pas puis dans une hésitation extrême, ponctué de beaucoup de « Euh » et des yeux écarquillés, je répondis enfin. Après tout, je n'avais rien à perdre de venir dîner chez elle et puis je ne pouvais pas la quitter là, pas maintenant. Je ne pouvais pas me perdre de la perdre aussi bêtement après une proposition pareille.

- Oui, avec plaisir

Voilà, c'était fait, j'allais dîner chez elle. Mon coeur se mit à battre plus fort, je lui tendis mon bras comme une invitation, qu'elle saisit et puis nous traversions le portail en route pour... je ne sais où. Je ne l'avais pas quitté du regard tout le long.