Elle se retourna et eut à peine le temps de crier avant de tomber dans le vide.

Légèreté suprême. Mais si passagère. D'ici quelques secondes, elle allait s'écraser. Elle repensa à ce qui venait de se passer.

Elle se baladait tranquillement dans la forêt, quand elle aperçut ce qu'elle crut être un serpent géant. Et naturellement, elle l'avait suivi. Quelle erreur. Camille ne cherchait qu'à s'exercer aux pouvoirs qui étaient les siens. Elle avait fini par rattraper la créature. Et cette dernière n'avait pas la tête d'un serpent, loin de là... A la place se trouvait le buste d'une jeune femme. Elle se trouvait devant Méduse.

Heureusement, cette dernière était de dos. Prise par la peur, elle s'était enfuie, négligeant le bruit qu'elle pouvait faire. Mais oubliant également l'ouïe fine de la reine des serpents, sa grande vélocité, et surtout l'arc qu'elle portait à son épaule.

Elle courait, se faufilant d'arbre en arbre. Méduse gagnait du terrain. Ne pas se retourner. Jamais. C'était synonyme de mourir. Rapidement, elle était arrivée par maint chemins aléatoires à la lisière de la forêt. Ici, plus d'arbres. En effet, un immense canyon s'ouvrait devant elle. Au fond, une rivière. Ce n'est que lorsqu'elle était arrivée au bord qu'elle s'était retournée. Mais La Dame Serpent l'avait rattrapée et était juste en face d'elle. Réflexe auquel elle devait tout (quoique), elle ferma les yeux. Et tomba. Lorsqu'elle les rouvrit, Méduse, écumant de rage, bandait son arc en direction de la malheureuse. Paralysée par la peur, Camille ne pouvait plus voler. Elle n'allait pas pouvoir s'en tirer. L'eau, au fond, était bien trop loin, et elle arrivait bien trop vite. Si elle arrivait à la rivière, le choc la briserait. Qu'elle soit tombée dans l'eau ou sur du roc ne changerait rien. Si elle y arrivait. Parce que l'hybride reptilienne ne comptait pas la laisser s'en tirer. Et décocha sa flèche.

De l'autre côté de la falaise, son frère se penchait, et contempla l'horrible spectacle. « Je vais te sauver, sœurette ! » Vite, une solution... Méduse tira. Oui, ça y était, il avait trouvé : téléportation. Sa seule chance. Mais ce sort n'était pas très au point. Peu importait, il le lança. La flèche se ficha dans un rocher, tandis que Camille réapparaissait auprès de son frère. Ils se sourirent.

Pour la dernière fois. Le sort fit des siennes. Elle disparut totalement, laissant le cœur brisé de son frère. Maintenant, elle contemplait l'immensité de l'univers, les galaxies. C'était si beau. Mais vide. Et sans air. Elle mourut dans le plus bel endroit qu'elle verrait.
Le Vide. Son ses poumons n'avaient plus d'air. Elle pensa à son frère, essayant de lui transmettre mentalement une parcelle – aussi petite soit-elle – d'elle-même. Impossible, ils étaient trop loin. Beaucoup trop loin. Sa vie s'échappa lentement de son corps, pour ne plus y revenir. Jamais.

Elle se retourna et eut à peine le temps de crier avant de tomber dans le vide. Elle se raccrocha au bord désespérément. Elle se hissa à moitié au bord de la falaise. Que s’était-il passé ? Elle marchait tranquillement au bord de la falaise avec son fiancé. Lui se penchait vers elle. « Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai glissé. Aide-moi s’il te plait. »Demanda-t-elle. Il lui sourit, de son sourire qu’elle aimait tant. Il posa ses mains gantées sur les siennes. « Enfin, tu savais très bien que je e suis pas digne de confiance. Tu aurais dû écouter les autres. Ils t’avaient prévenue ». Il s’agenouilla et posa un dernier baiser sur ses lèvres avant de la pousser de toutes ses forces dans le vide. Cette fois, elle ne put se retenir à aucun bord. Elle chuta encore et encore. En-dessous d’elle le sol se rapprochait de plus en plus mais elle s’en moquait. Comment avait-il pu faire ça ? Elle revoyait encore dans son regard la dernière chose qu’elle avait vue, la haine. Elle ne se rendait pas compte qu’elle chutait. Elle ne réalisait pas qu’elle allait mourir. Tout ce qu’elle comprenait c’est qu’il l’avait poussé dans le vide dans le but qu’elle meurt. Mais pourquoi ? Pour l’argent ? Non, ils n’étaient pas encore mariés, il n’avait aucun droit. Le pouvoir ? Même réponse. Mais pourquoi avait-il fait ça. Ses dernières phrases résonnèrent dans son esprit. C’était donc vrai, ils lui avaient dit qu’il était dangereux et aussi fourbe qu’un serpent mais elle n’avait pas écouté et maintenant elle allait payer le prix de sa naïveté. Elle réalisa qu’elle allait mourir. Devant ses yeux, le sol continuait de se rapprocher. Elle ferma les yeux et protégea son visage de ses bras comme si ça allait changer quelque chose. Soudain, son nom résonna. Il résonna plusieurs fois autour d’elle comme prononcé par un quelconque être divin qui l’appelait à lui. Elle ouvrit doucement les yeux. Sa vision était encore embuée par les voiles blanchâtres du sommeil. Ce n’était qu’un cauchemar. Sa vue s’éclaircit et elle se trouva nez à nez avec celui qui l’avait poussé de la falaise. Elle n’eut d’un réflexe, celui de sursauter et de se reculer. Mais mon, elle réalisa qu’elle était dans un fauteuil, alors, ses possibilités de recul étaient réduites. Il posa ses mains sur ses épaules dans un geste rassurant et elle se détendit. « C’est bon, c’est moi. Tu t’es endormie, tu parlais dans ton sommeil. Je suis juste venue te dire que je dois partir, je reviens d’ici deux heures. » Elle acquiesça et lui s’éclipsa après un sourire et un signe de la tête. Elle regarda autour d’elle. Elle était dans une des salles du palais. Un peu plus loin, son frère jouait une partie d’échec avec un de ses amis et la salle regorgeait de fauteuil et canapés surpeuplés. C’était le pire cauchemar qu’elle n’avait jamais fait. Pas au niveau de la mort. Elle avait déjà vue son ultime fin plusieurs fois. Mais c’était le fait que ce soit lui qui l’ait tué qui la perturbait. Surtout ce qu’il avait dit. Avait-il vraiment comme but de la tuer, était-il aussi fourbe que l’avaient dit certains. Elle n’en savait rien. Elle refusait de le croire. Ce n’était pas possible. Elle avait confiance en lui et les autres n’avaient qu’à aller au diable. Elle se leva et arrangea ses cheveux tout en réfléchissant. C’était tout simplement impossible qu’il lui veuille du mal. Il avait risqué plusieurs fois sa vie pour elle et si il avait voulu la tuer, il l’aurait fait. De nombreuses occasions s’étaient déjà présentées. Pourtant, elle était là, debout, en train de s’angoisser pour rien. Néanmoins, elle eut un pincement au cœur. Mais si c’était vrai, si dans le futur, quelque chose changeait et qu’il projette de se débarrasser d’elle. Si elle faisait un pas de travers ou si quelque chose d’autre interférait entre eux. Elle refusait de l’accepter. Elle ne ferait pas un seul pas en dehors de son tracé et elle ne laisserait personne venir gâcher ça. Elle avait déjà beaucoup sacrifié. Elle avait le droit à son moment de calme. Elle décida d’aller faire une balade à cheval près de la mer pour se changer les idées. Elle sortit de la salle sans se rendre compte qu’un regard la suivait. Ce regard appartenait à celui qu’elle aimait, celui dont tout le monde lui avait dit de se méfier, celui qu’il l’avait assassiné dans son monde de rêve. Il était là, dans l’ombre d’un coin. Il sortit de sa cachette et suivit les pas de sa jeune fiancée. Il était déterminé et rien ni personne ne le fera changer d’avis. Il n’était pas homme à reculer lorsqu’il était en chemin. Sa route était la même que celle de sa promise. Mais malheureusement, une des deux allait s’arrêter quand l’autre continuera.

Il sortit à son tour de la salle et la rattrapa. Il passa un bras autour de sa taille et elle fut surprise de le voir. « Tu ne devais pas partir ? »Demanda-t-elle quand même heureuse de le voir. « J’ai annulé mon rendez-vous. J’ai quelque chose d’autre à faire. Quelque chose qui me tient à cœur et qui est plus important. » « Et c’est quoi ? »Demanda-t-elle sachant très bien qu’elle serait la réponse. « Aller me balader avec toi. Tu allais où ? »Demanda-t-il avec un grand sourire. « Près de la mer.». « Parfait. ». Elle lui sourit et ils partirent ensemble vers leur destination. En chemin, elle lui raconta son rêve. Il lui assura qu’elle pouvait totalement avoir confiance en lui, qu’il ne vivait que pour elle et qu’elle ne devait pas écouter les abrutis qui étaient jaloux de leur bonheur. Ces mots la rassurèrent. Elle avait été stupide de douter de lui. Ce rêve n’était qu’une idiotie qu’elle tâcha d’effacer de son esprit. Lui se dit que quoi qu’il arrive et quoi qu’elle puisse dire ou faire, il atteindra son but.