Je m'ennuie ! C'est l'automne et la nature se prépare déjà à endurer le rude hiver qui se prépare. Il n'y a rie à faire excepter contempler les feuilles multicolores restant sur les arbres, tomber les unes après les autres suite à une bourrasque de vent soudaine. Il fait tout de même chaud pour la saison.

Cela faisait plus d'une heure que j'était couchée sur un épaisse branche à quelques mètres au dessus du sol. Je regarde le ciel, rêveuse, puis je décide enfin à descendre de mon perchoir. Je sautai et atterris dans un bruit de craquement de feuilles mortes. L'automne n'est pas ma saison préférée à cause de ça. Il devient presque impossible de chasser au sol car au moindre mouvement, le bruit des feuilles trahi votre présence. Mais je ne suis pas descendue de cet arbre pour chasser (j'ai déjà tiré sur deux écureuils tout à l'heure). Je m'enfonçais dans la forêt, armée de l'arc de Kaël et de ma dague comme à mon habitude. Je restai tout de même attenive au moindre bruit. Je croisai quelques biches durant ma promenade mais je décidai de ne pas les tuer, pas tout de suite. Soudain, j'entendis un bruit non loin de moi. Par réflexe, je sortis mon arc et encochai une flèche. Je parcourus la végétation des yeux, prête à lâcher ma flèche à tout instant. Après quelques instants, j'entendis de nouveau le même bruit à ma gauche. Je pivotai et regardai vers l'origine du mouvement. Je décochai ma flèche qui vint se planter au centre d'un tronc d'arbre à coté des buissons, après quoi je sortis une flèche de mon carquois et l'encochai.
- Sors de ta cachette et montre ton visage !
J'avais crié cette phrase sans savoir si il y a réellement quelqu'un. Mais quelque chose me dit que oui. J'attendis une réponse, un signe, un mouvement de la part de l'inconnu. Mais rien. Quoi qui se passe, je suis toujours prête à attaquer ou à me défendre.

Un jour paisible comme les autres. Je venais en plus de terminer ma mission. J'étais assise à quelques mètres du champ où j'avais éliminé une cinquantaine d'orques. J'avais enfin récupéré l'objet de ma quête après trois jours de recherche. Mes pas m'avais conduits au pays des filantes. En ce moment, je mangeais tranquillement en pensant à ma paie. Je savais exactement ce que j'allais acheter. Pendant le combat j'avais involontairement fendu un de mes sabres en le lançant pour embrocher quelques monstres. Il risquait donc de se briser au prochain combat. Il n’était pas urgent pour moi de le réparer car j’en possédais encore trois. Mais en prenant en compte la vitesse avec laquelle je les usais, il valait mieux le faire rafistoler dans les plus brefs délais. Je finis mon repas et décidais d’avancer jusqu’au point de rendez-vous fixer avec mon commanditaire.
Après avoir traversé la plaine, j’entrai dans une forêt. L’automne avait jauni la parure des arbres et recouvert le sol d’un tapis de feuilles cachant brindilles cassantes et racines aériennes. Je ne marchais donc pas très silencieusement. Je m’arrêtai pour me repérer quand j’entendis un craquement derrière moi. Non sans bruit, je me cachai vite derrière l’arbre voisin. Une voix s’éleva :

-Sors de ta cachette et montre ton visage !

Je fis apparaître deux sabres. Un dans chacune de mes mains. Je sortis, prête à me défendre. Une filante se trouvait devant moi. Elle était sur ses gardes, tout autant que moi.

-Je ne te veux aucun mal. Je ne suis pas ici pour me battre avec toi.

Ce n’était pas dans mes habitudes de dire de telles choses mais dans ce cas-ci, j’étais pressée. Je lançais mes armes à un mètre de moi pour lui prouver mes paroles. Si elle m'attaquait malgré tout, je pourrais encore faire apparaître mon épée à deux mains. Ensuite, je la dévisageais, attendant sa réaction.

Une jeune fille sortit de derrière l'arbre où j'ai tiré ma flèche quelques secondes plus tôt. La première chose qui me frappa est qu'elle possède un sabre dans chaque main. Elle devait être une elfe avec des oreilles de cette taille-là. C'est alors que je remrquai ses deux canines plus ongues que la normale. Une elfe crudelis ? Probablement. Mais que fait une elfe crudelis sur les terres des Filantes ?
- Je ne te veux aucun mal. Je ne suis pas ici pour me battre avec toi.
Elle baissa ses armes sans les lâcher pour autant. J'abaissai légèrement mon arc. Elle ne m'inspirait pas confiance. Si ça se trouve, elle possède des complices dans les parrages qui n'hésiteraient pas à me tuer. Soudain, je vis les buissons remuer à ma gauche. Une voix masculine se fit entendre en provenance de la végétation :
- Tu es là Arcane ! Je te cherche depuis ...
Je me retournai à une vitesse allucinante vers l'inconnu et sans plus réfléchir, je décochai ma flèche qui vint se planter au milieu de son front. Celui-ci s'effondra presque aussitôt. J'encochai une seconde flèche et me retournai vers la dénommée Arcane. J'étais folle de rage. Pourquoi ? Je ne sais pas très bien. Peut-être parce qu'elle a profité de ma clémence pour m'attaquer par derrière. J'étais prète à décochai ma flèche à tout instant, lui infligeant le même sort qu'à son ami. Je sentis alors un petit objet froler mon pied. Je tournai rapidement la tête, surveillant le moindre geste de la part de l'elfe crudelis. L'objet en question était un petit sac de toile, un bourse probablement. Et, comme pour confirmer mes pensées, celui-ci s'ouvrit laissant échapper son trésor. Des dizaines de pièces d'or s'en échappèrent et s'éparpillèrent sur le sol couvert de feuilles. Je fis volte face à Arcane. Mais qui était donc cet homme ?

Cette mort rapide m’avait tiré un rire. En plus de mes magnifiques pièces d’or, j’allais pouvoir garder le précieux petit bijou qui se trouvait dans ma poche. Mais avant de penser argent, il fallait que je règles mon problème de filante. Celle-ci me regardait avec rage. Il fallait tout lui expliquer.

-Je te remercie de cette démonstration de force quelque peu distrayante, mais tu viens de tuer mon commanditaire. Tout ceci ne me dérange pas personnellement, mais sa famille ne risque pas d’apprécier. Maintenant aurait-tu la présence d’esprit de me donner ce qui m’appartient désormais.

J’accompagnais mes paroles d’un sourire un peu trop carnassier et d’un petit geste de la main désignant la bourse. En entendant mes paroles, elle avait l’air de s’être calmée. Mais elle paraissait aussi…hésitante. Elle balançait sûrement entre me tuer ou partir. Tout cela me paraissait fort amusant, pourtant, au fond de moi, je souhaitais tout de même que cette gentille petite filante me remette mon argent sans faire d’histoire. Je lâchais donc mes armes pour essayer de la convaincre que je voulais juste ma récompense. Malheureusement lorsque mes lames touchèrent sol, l’une se brisa. La poisse, moi qui voulait déjà pas me faire repérer, je cassais le sabre que je devait faire réparer. Je soupirais, je n’avais pas la chance de mon côté aujourd’hui.

Je regardai le corps sans vie de l'homme puis la jeune fille devant moi. Puis, cette dernière commença à rire. Pourquoi riait-elle ? J'ai tué un de ses complices et voilà qu'elle commence à rire. Elle me dit d'un ton aigaïé :
-Je te remercie de cette démonstration de force quelque peu distrayante, mais tu viens de tuer mon commanditaire. Tout ceci ne me dérange pas personnellement, mais sa famille ne risque pas d’apprécier. Maintenant aurait-tu la présence d’esprit de me donner ce qui m’appartient désormais.
Mais c'est qui cette fille qui arrive dans MON alliance et qui se permet de me parler comme ça ?! Non mais franchement, pour qui elle se prend ? Je regardai la bourse près de mon pied et j'évaluai la somme que devait contenir cette bourse : une bonne cinquantaine de pièces d'or, si pas plus. J'hésitai. Que faire ? Partir avec une somme pareille serait la meilleure des solutions. Mais que faire de cette ... peste ? Elle a l'air de bien savoir manier les armes mais j'ai une qualité qu'elle n'a pas : ma vitesse. En temps que Filante, je cour plus vite que quiconque. La jeune fille lâcha ses armes et la lame d'un de ses sabres se brisa. Je voulus pouffer de rire mais je n'en fis rien. Et moi qui pensait qu'elle était adroite aux armes, je me trompe peut-être. Je me penchai vers la bourse, rassemblai toutes les pièces éparpillées au sol et les remise toutes dans la bourse. Bon, la décision m'appartient et je sais exactement quoi faire. Si il y a bien une chose que je ne supporte pas, c'est qu'on me donne des ordres (surtout provenant d'une fille que je ne connais pas). J'affichai un sourire amusé, rangeai ma dague dans son fourreau et regardai la jeune fille en face de moi, attendant toujours sa récompense. Je souriais toujours. Je fis un petit signe de la main signifiant "Ravie de t'avoir connu et à la prochaine" et je commençai à courir à la vitesse de la lumière dans les bois. C'est alors que quelque chose me frappai : ce n'est pas correct. Je m'importe peu de l'avis des gens que j'attaque ou arnaque comme cette fille. Mais quand ça arrive, je peux éprouver un peu de compassion. Je freinai et fis demi-tour. Une fois revenue à la clairière où se trouvait toujours la jeune fille, je m'approchai de cette dernière et ouvris la bourse. J'en sortis une pièce d'or et la posai dans la main de la jeune fille. J'affichai un sourire radieux. Ma conciance est apaisée. Une fois chose faite, je fermai la bourse à l'aide du petit cordon pourvu à cet effet et tournai les talons. J'accrochai la bourse à ma ceinture, et voulus repartir pour ma folle course. Mais avant de me lancer, je re-fis volte face à la fille et lui dit, joyeuse :
- Pour savoir qui t'a arnaqué, je m'appelle Laurena.
Sur ce, je commençai à courir grâce à mes pouvoirs de Filante, fière de revenir avec un si beau butin qu'une bourse remplie de cinquante pièces d'or.

Je n’en croyais pas mes yeux. Cette Laurena était partie avec ma bourse. Elle allait le regretter. Mais que faire ? Il était hors de question de la rattraper en courant. Quel que soit ma vitesse, je ne pourrais jamais battre une filante. Je décidai donc, à contre cœur, d’utiliser ma magie. Je fermais mes paupières et me concentrais sur les flux de la vie autour de moi. Vidant mon esprit de toutes pensées, je perçu les mouvements des ombres. D’abord infimes, ils s’agrandirent jusqu’à englober toute la forêt. Je sentais les feuilles tomber, les animaux se mouvoir et au milieu, une tache se déplaçant grande vitesse. Ma cible. Une montée d’adrénaline faillit me faire rater le sort. Réussissant à me contrôler, je fondis mon esprit dans la terre. Mon corps disparu avec moi. Cette technique apprise dans un livre de la bibliothèque d’Asrrha était très utile mais beaucoup trop dangereuse pour une utilité régulière. Si le sortilège n’était pas utilisé correctement, l’enveloppe corporelle se disloquait et la personne restait enfermé à tout jamais. Mais j’avais, après cinq ans d’entrainement, réussi à métriser le sort. Je me dirigeais donc à une distance suffisante devant elle pour réapparaitre. J’avais choisi un endroit stratégique et tendu un piège dont la filante ne pourrait pas s’échapper. Les arbres et autres obstacles barrait les cotés, empêchant tout virage. La vitesse de la voleuse la priverait d’une échappée quelconque : elle ne pouvait ni s’arrêter, ni programmé un saut. Ma toile l’avait prise en étau. Je fis apparaître mon sabre et le mit en travers du chemin, à une hauteur où, si cette fille voulait rester en vie, elle devrait freiner et s’abaisser. La longue trace noire de la filante arrivait. J’eu juste le temps d’assurer ma prise sur la poignée. Mon plan pouvait encore rater d’une quelconque manière, mais je pourrais recommencer encore et encore, renforçant ma stratégie à chaque fois, et ce jusqu’à ce qu’elle me rende mon argent.

Je rigolai en repensant à la tête de la jeune fille. Je l'ai arnaqué, volée, appelez ça comme vous voulez, mais j'ai réussi à repartir avec une bourse pleine à craquer. de plus, elle n'a aucun moyen de me rattraper. Personne n'a jamais réussi à rattraper une Filante. Je longeais une série d'arbres qui m'ouvraient un passage. Soudain, je vis un objet métallique, comme une épée, me barrant le passage. Je e pus l'éviter à cause de ma vitesse et je me pris cet obstacle de plein fouet. Je m'écroulai à terre. Je n'avais étrangement pas mal mais par réflexe, je mis la main sur le ventre. Je me relevai rapidement et découvris la jeune elfe de tout à l'heure. Mais comment avait-elle fait ? Je lui jetai un regard noir. Je ne sais pas comment elle a réussi cet exploit, mais si elle a pu le faire une fois, elle pourra recommencer. Je serrai les dents pour éviter de lui sauter à la gorge. Je regardai la bourse à ma ceinture. Si c'est ça qu'elle veut, elle n'a qu'à venir la chercher car il n'est pas question que je lui rende. La jeune fille ne me quittait pas des yeux. Et bien si elle arrive à me rattraper au sol, s'en sortira-t-elle aussi bien dans les airs ? J'essayai d'entrer en télépathie avec mon phénix et une fois chose faite, je lançai la bourse en l'air. Mais elle ne retomba pas : mon phénix l'avait attrapée au vol. profitant de la distraction de mon adversaire, je créai une petite plate-forme lumineuse sur laquelle je montai. Je la fis ensuite voler et je repartis, laissant l'elfe sur place.

Je rattrapai mon phénix qui me remis la bourse. Je rattachai le petit sac de toile à ma ceinture, curieuse de savoir comment la jeune fille va me rattraper ... si elle y arrive.