Ploc. Pshiii. Ploc. Pshiii. Ploc. Pshiii.
Ce même bruit, des dizaines et des dizaines de fois. Mon sang tombant goutte à goutte sur la neige maintenant maculée. Le blanc était devenu rouge. La neige était souillée.
Volutes. Volutes malsains s'échappant imperceptiblement de ces petites tâches. Un étrange poison était en moi. Un poison unique. Fait à partir d'une certaine fleur, de ses pétales, plus exactement. Et on ne les trouvait qu'ici, et seulement par temps clair. Ce qui, fort heureusement pour moi, était le cas.
Je volais avec difficulté, mes ailes battant me prenant beaucoup de force. L'un de mes bras tombait à côté des mes hanches, sans force. L'épée, qu'il tenait, creusait un sillage irrégulier, au gré des soulèvements que créaient mes ailes, et du vent qui me faisait vaciller, alors que je n'avais plus la force de lutter contre lui.
L'autre bras, lui, tenait la blessure. Le sang voulait sortir à flots, heureusement entravé par ma main cependant presque sans force. Il ne me restait plus beaucoup de temps.
Je me remémorais cet instant. Cet instant où la douleur m'avait transpercée. Je volais simplement au dessus des nuages, comme tous les jours, survolant l'ensemble de l'Alliance Astral. Mais cette fois-ci, j'avais reçu une flèche, dans les côtes. La plus mortelle des flèches. J'avais pu, grâce à mes pouvoir aqueux, identifier ce liquide. Ce poison unique. Au moment où je l'ai reconnu, j'ai compris qu'il ne pouvait pas s'agir d'un hasard. Recevoir une flèche, remplie du poison mortel extrait des plantes d'Eralvines, et alors que l'on vole au dessus d'un nuage ne pouvait tout simplement pas être un hasard. Mais je n'y pouvais rien. Je devais trouver l'antidote au plus vite. J'avais lu, au cours de mes nombreuses escapades dans les bibliothèques d'Astral, que la plante, qui donnaient la molécule de poison à partir de ses pétales, donnait également une autre molécule, isotope de la première, extraite des feuilles, cette fois-ci. Miraculeusement, il s'agissait de l'antidote.
Trois minutes plus tard, je vis le bosquet d'Eralvines. Je me posais, mais mes jambes ne pouvaient plus me supporter. Ployant sous mon poids, elles de dérobèrent, et je m'étalais dans la neige, face contre terre. Usant de mes dernières forces pour tendre mes mains vers les feuilles, et les arracher. Puis, je fis apparaître un verre de glace à partir de l'humidité ambiante, dont je me servis aussi pour faire infuser les feuilles dans une bulle d'eau. Je saisis le verre, y plaçais la décoction. Je tremblais.
Le verre s'échappa de mes mains frêles, et son contenu se répandit dans la neige froide, la faisant s'évaporer. Je regardais les feuilles s'éparpiller, impuissant, puis sombrai dans le néant.