Il leva la tête : son dragon n’avait rien remarqué. Il essaya de se retourner pour voir qui l’avait arraché à sa monture, lorsque qu’il reçu un violent coup sur le front.

Il faisait nuit lorsqu’il se réveilla. Il se frotta le crâne, en regrettant de ne pas avoir écouté son tuteur qui lui disait de toujours avoir sur soi des soins de premier secours.
Il regarda autour de lui, pour s’apercevoir qu’il était dans une grotte sombre, dont il n’arrivait pas à voir le fond. Il décida de sortir pour savoir où son agresseur l’avait emmené.
Mais, étrangement, il ne voyait rien : le paysage était constitué de différents tons de gris et de nuances de noir.

Il fit un pas en avant, et sentit d’un coup le sol se dérober sous ses pieds. Il se mit à tomber, tomber, sans cesse. Il criait, priant pour qu’on l’entende et qu’on vienne l’aider. Il était seul…

Le lendemain, sa famille était autour de lui, et pleurait. Ce n’est qu’au réveil qu’on remarque ce que les rêves avaient d’étrange.

Il volait entre les nuages sur le dos du dragon, lorsqu'il fut happé par une chose et séparé de son dragon. « Non, pas encore! » se dit-il.
Il était souvent séparé de son dragon. Bien trop souvent à son goût. Et à chaque fois que cela arrivait, il frôlait la mort. Et c'est ce qui était en train de se passer là encore.
Il tombait. Le sol filait vers lui à une vitesse hallucinante. Mais il ne s'en préoccupait même pas. Sa magie réussissait à ralentir sa chute, et bientôt la stoppa carrément.
Son attention était concentrée sur un danger plus grand encore. Ce n'était pas vraiment une chose qui l'avait aspiré et arraché à son dragon. Il s'agissait d'un courant d'air.
Mais pas un simple courant d'air inoffensif. Une énorme bourrasque, provoquée par un autre dragon.
Celui qu'il cherchait. Enfin, il ne cherchait pas vraiment le dragon, mais plutôt son maître. Pour le tuer.
Il le craignait, et était nettement désavantagée sans sa puissante bête aux écailles d'or et au souffle de braise.
D'ailleurs il la voyait, là-bas, affalée contre un rocher proéminent. Un aura noir étincelait autour du dragon. Ce n'était pas le courant d'air qui l'avait projeté ainsi contre les pierres, mais la magie de son adversaire.
Il jeta un dernier regard à son dragon, mais vit bien que ses blessures étaient telles qu'il ne pourrait pas voler pour lui porter secours. Il se tourna vers son ennemi. Celui-ci se tenait fier et droit […]

Son dragon doré disparaissait peu à peu tandis qu'il était happé par la Chose.
Sentiment d'oppression. Que se passait-il ? Il ouvrit les yeux et vit ce qui l'aspirait : des nuages.
Comment des nuages pouvaient-ils l'aspirer ? Il ne le savait pas.
Toujours était-il que la sensation cotonneuse de ce qui devrait être eau devenait désagréable.
Il était serré, comprimé, mais s'accrochait à la vie. Il ressentait toujours au fond de lui ce lien.
Ce lien si fort. Son dragon était toujours là.
Maigre réconfort face à ce qui l'attendait.
Tout à coup, le monde devint lumière. Après les ténèbres oppressantes, blanche liberté.
Une silhouette se dessina peu à peu. Un humain. Enfin, presque.
Sa tête, de faucon, était majestueuse. Il se trouvait devant Horus.
-Sais-tu, dit-il, pourquoi je t'ai amené ici ?
Non, évidemment, il ne le savait pas. La seule chose qu'il voulait, c'était son dragon. La vie.
Horus posa son regard sur lui, et tonna :
-Tu as enfreint les règles célestes.
Et il mourut, sans jamais avoir su quelles étaient les motivations divines...
Pour retrouver le noir qu'il haïssait tant. À jamais.

Il volait entre les nuages sur le dos du dragon, lorsqu'il fut happé par une chose et séparé de son dragon.
Qu’avait-il heurté ?
Il l’ignorait. Il chuta, chuta, chuta encore et toujours, passant à travers les nuages. Il hurlait, persuadé que le contact avec le sol le tuerait.
Le sol se rapprochait de plus en plus. Son cœur battait tellement fort qu’il menaçait de sortit de sa poitrine et la peur le paralysait tellement qu’il ne pouvait réfléchir. Il heurta le sol et ne sentit rien.
Il se contenta de se redresser en hurlant dans son lit, couvert de sueur. Un rêve, ce n’était qu’un rêve.
Il se leva et se dirigea vers sa salle-de-bain. Il se passa de l’eau sur le visage. Encore un de ses maudits rêves funeste.
Il pouvait s’estimer chanceux, pour une fois qu’il ne se voyait pas étriper ou éventrer. Quelle horreur. Tout ça, c’était la faute de son esprit obscur.
C’était lui qui lui envoyait ces visions la nuit. Tout était rentré en ordre depuis plusieurs mois mais la sensation de vide, la sensation d’être englouti dans les Ténèbres le suivait partout.

Il se sentait seul au milieu de la foule, abandonné lorsqu’il était au milieu de ses amis, perdu lorsqu’il était dans sa chambre, dans le noir absolu lorsqu’il était sous le soleil de midi. Il n’arrivait pas.
Il n’arrivait pas à oublier ce qui lui était arrivé. Il n’arrivait plus à penser comme avant. Il avait peur, tout le temps peur.
Peur de retomber dans l’oubli, peur d’être à nouveau prisonnier de son propre corps et de regarder un imposteur faire du mal autour de lui sans rien pouvoir faire. Peur de replonger à nouveau dans les Ténèbres.
Des larmes coulèrent sur ses joues. Il ne cessait de se torturer depuis cette histoire. Il n’arrivait pas à affronter son autre lui.
Il faisait tout pour l’éradiquer mais il était trop fort. Il restait dans le fond de son âme, tapis comme un serpent prêt à l’attaque. Il avait peur de lui-même.
Peur des Ténèbres qu’était son autre-lui. Il n’arrivait pas à assumer cette présence maléfique qui le rongeait de l’intérieur. Il n’arrivait pas à la supporter. Il se nécrosait lentement et surement.
Il plongeait dans la folie, refusant d’admettre la vérité. Il refusait d’admettre que cet esprit obscur, n’était qu’une partie négative de lui-même.
Il fuyait cette vérité qui ne cessait de le rattraper. Il ne voulait pas admettre que son pire ennemi n’était d’autre que lui-même. Il cherchait de l’aide auprès des siens. Mais aucun d’eux n’arrivait à apaiser la flamme noire qui le rongeait de l’intérieur.
Aucun n’arrivait à comprendre ce qu’il endurait au quotidien. Il était seul, désespérément et définitivement seul. « C’est faux » résonna une voix dans sa tête. « Tu n’es pas seul, je serais toujours là. »
C’était encore une fois cette présence maléfique qui se jouait de lui. Il ouvrit les yeux et regarda son reflet dans le miroir. Se reflet se brisa et la glace tomba en morceau.
Il ramena son poing ensanglanté près de lui. Il regarda les morceaux de verres à terre et les larmes coulèrent.
Dans peu de temps, lui aussi éclaterait en millier de morceau face à son esprit obscur.
Un rire sinistre s’éleva dans sa tête et il s’écroula au sol avant de commencer un combat psychologique pour ne pas perdre le contrôle.