Le monde d'Eséphia
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Les Nécrosoris au pouvoir, la traque commence
 
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« L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface »

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« C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme. Moi la mer elle m’a prit… »

« Le bleu, l’ocre, le bleu. L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface. Je n’ai plus de repaires, plus de blanc dans le ciel, l’émeraude de mon regard se perd. L’horizon n’a jamais existé, le temps n’est plus de ce monde tandis que l’Univers cessera de m’apparaître. Je suis infini, le sable est moi, je suis le sable et la mer tend ses bras désespérés vers moi. Il est là, il sourit. Je ne veux pas le voir. Il disparaît, s’efface comme l’eau déferle sur moi et m’arrache. Le roseau rompt mais ne plie pas. Je suis partie d’un foyer qui me tendait les bras, un foyer obscur où j’étais asservie et regardé de travers. Peut-être la liberté ne vaut-elle pas la solitude. Peut-être suis-je sotte de regretter. Pourtant, c’est trop fort. Riche, au soleil. Seule. Riche, dans l’ombre. Epaulée. Je suis seule. »

Les grains, compagnons délicats, m’écorchaient la peau. Elle est pâle, sensible. Je ne bronze pas. Je n’attrape pas de coup de soleil. J’esquissais un sourire. J’ai des dents pointues. Evidement. Je suis un vampire, après tout. Ce qui est innovant, c’est mon visage. Les joues rondes et roses, les yeux verts éclairés d’un joli auburn. La crinière flamboyante, bouclée, qui cascade dans mon dos. Au Phénix d’Or, on me dévisage tout le temps à cause de ça. Les clients ne sont jamais les même, mais ils réagissent tous de la même façon, alors pour moi, ils sont tous pareilles Une fois, j’avais même eut la chance d’y voir Lune d’Azur. Elle était absorbé dans un dîner d’affaire et n’a pas remarqué sa cousine éloignée. Remarquez, j’ai préféré ça plutôt que d’avoir à l’affronter – il paraît qu’elle est redoutable. Je suis du coin, j’avais donc tous les jours ma table réservée – certes, pas gratuitement, mais le gérant…comment avouez que le jour où il m’avait dit d’aller voir ailleurs si il y était, j’ai été un peu rude ? Il s’entendait pourtant bien avec mon grand père, mais j’étais une agitatrice trop effrontée à son goût. La fréquentation du lieu me déplaisait – trop de gens à qui j’avais jouer des vilains tours – mais l’endroit était si richement décoré, si agréable, que je ne pouvais pas m’en passer. J’étais venu faire un saut de quelques semaines ici, dans la villa isolée du feu frère de mère. Tout était parfais. J’agitais mes orteils sur la langue de sable doré et doux que possédait mon oncle et qui par conséquent me revenait, dominé par la silhouette massive de la maison de vacance au loin, et la vague forme du Phénix d’Or encore plus lointaine d’un côté. Le soleil me réchauffait délicatement le dos – oui, c’était encore le matin, et c’est connu que l’astre lumineux se couche dans la mer, en face de moi, à l’ouest.

J’ai soupiré. N’empêche que j’étais seule. Presque sans défense, si je tombais sur un vampire plus âgé, plus costaud, et plus expérimenté que moi. Surtout si il était de sexe masculin. Mais je doute même qu’une patrouille de garde l’aurait arrêté, alors je n’en avais que faire. Quitte à s’isoler, s’isoler complètement. Je me suis levé, épousant mon pantalon léger et bouffant en lin, et essayant de faire tomber les grains de sables de mon haut qui ne me couvrait ni le ventre, ni les bras. Puis, à pas lent, je suis partie manger – au Phénix d’Or, bien sûr. Sans me gêner, j’ai dépassé toutes les personnes de la bourgeoisie qui faisaient la queue – queue assez raisonnable, car les températures se refroidissaient, et prévenu un serveur que je venais manger. Un pli soucieux barrait son front, comme s’il avait peur que je l’égorge. J’avais donc si mauvaise réputation ?
Pour une fois, je ne me suis pas rué sur la nourriture dès qu’elle fut servie. Du bout de ma fourchette, je picorais, à la manière d’une gamine boudeuse. Je fis la moue en mâchant une carotte – oui, je ne les aime pas, et alors ? – et quand mon assiette fut finie, j’ai demandé le dessert. J’avais la sensation d’être épiée et j’étais pressé de retrouver les murs épais de ma maison – ma ! comme c’est bizarre de la nommer ainsi, à présent – qui m’offraient une sécurité toute relative. Je m’avançais prudemment dans le sable, jetant fréquemment un coup d’œil derrière moi pour m’assurer que je n’étais pas suivi. Je ne voyais rien, pourtant, j’étais épiée. Tout en me mordillant la lèvre inférieur et en me creusant les méninges, je poursuivais ma route vers « ma plage privée » et vers ma villa. Je décidais de chasser de mes pensées le mystérieuse observateur et d’imaginer un phénix qui volait à mes côtés. Comme j’aurais aimé en avoir un ! Malheureusement, ils étaient rares, en voie de disparition, et je n’étais pas assez riche pour m’en payer un, quand bien même on m’offrirait un contrat à dix coffres d’or et de pierreries, plein à craquer de pièces sonnantes et trébuchantes.

Je passais le reste de l’après-midi sur mon balcon, à aquareller un de mes croquis. J’étais plutôt fière du résultat, bien que ma nuque soit toujours brûlé par ce regard indiscret. Puis, avec une tasse de thé, j’admirais le coucher de soleil. Et n’ayant plus rien à faire, je parti somnoler dans un fauteuil…
Pas dormir.
Grâce à mon ouïe surhumaine, je l’entendis très distinctement préparer son arbalète. Je ne me suis pas raidi. J’attendis tranquillement le coup parte. Le sifflement, silencieux pour un homme, terriblement sonore pour un vampire, m’indiqua la position du tireur. J’interceptais le jet d’une main habile et plantait le carreau dans mon plancher précieux. Avant de me lever. De pivoter vers un homme aux cheveux sombres, aux prunelles écarlates, comme un démon.

« - Qui ose ? lui souriais-je, qui ose violer ma demeure et mon intimité ? Qui ose me tirer dans le dos, en silence, comme un lâche ? Qui es-tu, misérable petit homme ? »

Un sourire supérieur n’avait pas quitté mes lèvres rouge sang. Peut-être serait-ce le sien qui les maculerait dans peu de temps.
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MessageSujet: Re: « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » Icon_minitimeMar 6 Déc - 7:26

    Une vampire. Évidemment. Une satanée vampire avec un air hautain, qui le traitait de lâche alors qu'elle-même était l'une des leurs. De ceux qui ont fait de la Mort leur métier, et de la Discrétion leur arme. Avec un long soupir, il se releva. Il avait tout de suite reconnu à sa manière de se mouvoir, de glisser sur le sol avec une prudence extrême que ce n'était pas quelqu'un d'ordinaire. Il savait qu'elle l'avait senti avant de le voir. Qu'elle avait entendu le déclic de son arme avant d'entendre la flèche. Qu'elle était habile et entraînée, conditionnée pour ça. Et pourtant, ça restait vexant.

    Par ce que c'était une saleté de vampire. Ces êtres immortels qui renient la vie et ce qu'elle représente. Qui polluent le monde de leur existence. Et qui se reproduisent comme des lapins, mais qui ne peuvent pas se blairer entre eux.

    Il savait aussi que c'était des vampires qui l'avaient envoyé tuer cette rousse aux dents pointues. Ça se voit : le teint blafard, cet air de blasé qui leur colle au visage, ces yeux qui vous dissèquent en repérant les morceaux plus ou moins alléchants... Bref, il s'était douté de quelque chose dès le départ. Mais bon, pour une raison inconnue, il y était quand même allé. Peut-être pour le challenge ? Ou alors pour percer le mystère qui reliait la victime à ses assassins... Non, en fait, il avait juste fait ça pour l'argent. Parce que c'est ça qui le motive dans la vie.

    D'un geste nonchalant, il releva l’arbalète et la posa sur son épaule. L'effet de surprise avait raté. Il essaya d'analyser la situation. Au corps à corps, il avait peu de chances de s'en sortir vivant. C'était une vampire. Et malgré ses longues années passées à s'entraîner, il ne faisait sans-doute pas le poids. L'autre alternative consistait à s'enfuir. Il se trouvait sur le balcon où elle s'était tenue quelques instants plus tôt, et un saut en arrière le faisait atterrir sur la plage, d'où il pouvait éventuellement rejoindre sa monture qui l'attendait pas si loin que ça, en piquant un sprint pendant quelques minutes.

    Ses yeux fixèrent ceux de la vampire. Une belle rousse. Avec un air de jeune fille pas vraiment mature, sur le point de dévorer sa friandise préférée. Il fronça les sourcils. Il ne représentait donc que de la nourriture, pour elle ? Sans doute, oui. Pas la moindre trace d'inquiétude sur son visage. Il n'était même pas une menace. Rien du tout. Juste le dessert dont elle avait rêvé depuis trop longtemps.

    Il esquissa un pas en arrière, se approchant du vide.

    - Un lâche, vraiment ? Non, je ne crois pas. Tu n'as pas remarqué que j'étais drôlement près, pour un embusqué ? En réalité, c'est pour que quand mes victimes se retournent, elles ne puisent voir que moi, avant de sombrer dans les ténèbres que sont la Mort. Mais par pur esprit de contradiction, tu n'as pas voulu suivre le pas.

    Encore une fois, il soupira, et laissa tomber l’arbalète dans son dos. Elle heurta le sol avec un bruit sourd. Lentement, il tira une des nombreuses lames qui lui parcouraient le dos. Avec un chuintement effrayant, elle se fraya un chemin vers sa main gantée, et le poison coula sur le cuir sombre qui composait son armure.

    - Je ne suis pas un lâche, je suis Sayanel. Je ne dirai pas que c'est mieux, parce que je suis un crétin qui ne tient sans-doute pas à la vie. Mais une vie, ça se finit toujours, à un moment ou un à un autre. Et j'aime la Mort. Je préfère ça plutôt que de vivre éternellement, parce que l'éternité c'est long, quand on y pense.

    Il s'accroupit un court instant. Juste le temps de regarder une dernière fois les yeux cruels de son interlocutrice. S'il devait mourir, ce serait avec le sentiment qu'une vie n'est pleinement réussie que quand on meurt avec l'intégralité de son honneur.

    En un bond, il se retrouva à côté d'elle. Il était rapide, mais elle aussi, et à défaut d'esquiver l'attaque mortelle, il se décala suffisamment pour que la lame ne touche que son épaule gauche. Le poison s'infiltra dans la plaie béante qu'il avait ouvert, et avec une certaine fierté, l'idée lui vint qu'il pourrait peut-être gagner, finalement. Après tout, encore quelques minutes à tenir et elle serait paralysée, et alors elle serait à sa merci.

    Mais tout ça s'évapora quand il sentit des crocs s'enfoncer dans sa chair, juste au niveau du coup. Une main puissante enveloppa son torse l'espace d'un instant, avant de le repousser brutalement, le faisant s'écraser contre le mur le plus proche. Une douleur vive le traversa, et dans un hurlement sourd, il se rendit compte que la mort s'éloignait peu à peu. Son doute se confirma quand il vit la vampire se lécher avec dédains les lèvres, tout en le regardant avec une lueur amusée qui dansait dans ses yeux. Elle se tenait droite, fière, triomphante, moqueuse.

    C'était donc cela. Pire que la Mort, elle avait choisit de lui donner l'éternité.
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MessageSujet: Re: « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » Icon_minitimeMar 6 Déc - 9:12

Il s’est relevé. L’homme se tenait sur le balcon où j’étais il y a peu. Il est bien près ; ne craint-il pas pour sa vie ? Et puis après tout, ce n’est pas mon affaire. C’est un tueur : tout en lui le clame haut et fort. De sa démarche jusqu’à l’éclat métallique dans son regard couleur de sang. Moi aussi je suis une tueuse, que je veuille l’admettre ou non. J’ai renié la mort il y a longtemps, et la vie n’a pour moi que d’utilité celle de s’achever. Je détaillais son visage, sans m’inquiéter le moins du monde. Je n’avais jamais transformé personne, préférant tuer mes victimes et me repaître de leur sang. Peut-être que je pourrais essayer avec lui ? J’étais en train d’imaginer ce qu’il allait faire pour mettre fin à mes jours quand j’ai remarqué le vide derrière lui. Ah. Dangereux. Mais je m’ennuyais, je n’allais m’arrêter maintenant que ça bougeait enfin ! D’ailleurs, j’avais faim – il y avait fort longtemps que je n’avais pas bu du sang humain. Si je ne pouvais pas le contaminer, je le mangerais. Comme s’il avait senti mon appétit, il recula d’un pas. Vers la fuite. Je fus tentée de froncer les sourcils et de l’empêcher de partir, mais je renonçais. J’avais envie d’entendre sa voix.

« - Un lâche, vraiment ? Non, je ne crois pas. Tu n'as pas remarqué que j'étais drôlement près, pour un embusqué ? En réalité, c'est pour que quand mes victimes se retournent, elles ne puisent voir que moi, avant de sombrer dans les ténèbres que sont la Mort. Mais par pur esprit de contradiction, tu n'as pas voulu suivre le pas. »

Esprit de contradiction ? Tout à fait moi ! Mais à mes yeux, tirer dans le dos de quelqu’un, c’est être lâche. Moi, j’apparais devant eux et je suis la dernière chose qu’ils auront l’occasion de discerner, à part le voile de souffrance qui s’abattra sur eux. Et je ne sais pas pourquoi, mais dans le « mort », j’ai eut l’impression d’entendre une majuscule. Mais c’est vrai que la mort ne signifie rien pour nous, les vampires, ces tueurs, surtout les Sal Thesna partisans des Laneus, et encore plus, les Nécrosoris. Car nous sommes immortels…Et donc, par conséquent, je ne peux mourir. En mille ans de provocation politique, j’ai reçu la visite de beaucoup de tueurs aguerris qui ont tous trouvé ce qu’ils étaient venus m’offrir…la mort. Un bruit sourd me tirant de mes pensées, je laissais mes idées sombres à un autre jour. Il avait laissé tomber son arbalète. Il choisissait le corps à corps ? Le fou ! Bon, j’avoue que lorsque j’ai vu le poison couler d’une de ses lames – légère, efficace, bien affûtée surtout - sur son élégante armure de cuir, j’ai tout de suite moins fait la maligne. J’ai bandé mes muscles, me préparant à bondir, sans chercher à le cacher. Supérieur, oui, suicidaire, non.

« - Je ne suis pas un lâche, je suis Sayanel. Je ne dirai pas que c'est mieux, parce que je suis un crétin qui ne tient sans-doute pas à la vie. Mais une vie, ça se finit toujours, à un moment ou un à un autre. Et j'aime la Mort. Je préfère ça plutôt que de vivre éternellement, parce que l'éternité c'est long, quand on y pense. »

Sa déclaration n’était pas dénuée d’un certain charme. D’une certaine…poésie ? Oui, peut-être. Il avait du cran, ou alors il ne tenait tout simplement pas à la vie, ce qui était nettement moi chevaleresque. Oui, l’éternité, c’est long. J’aurais le temps de remettre mes idées en place. Peut-être d’avoir une vie, lorsque j’aurais démarré les vingt milles ans et qu’il me faudrait réfléchir à un autre boulot que tueuse à gage – et héritage d’un oncle décédé. Mais j’y réfléchirais une autre fois ; c’était la fin du blabla, je l’avais bien comprit, et il fallait me tenir sur mes gardes. Pourtant, je le vis à peine arriver sur moi. Il était rapide ! Bon, je l’étais aussi, et c’est pour ça que j’ai survécu. Au lieu de toucher mon cœur, elle toucha mon épaule. Je senti le poison et reconnu la sensation : il allait m’immobiliser et me tuer ensuite. J’ignorais la brûlure et la douleur, à grandes peines – je n’ai pas l’expérience d’un combat d’égal à égal…Enfin, égal…bref, je n’ai pas l’habitude de souffrir. Joignant mon esquive avec une fente, et tandis qu’il devait se réjouir, je l’enlaçais délicatement – et en vitesse, qu’il ne puisse s’échapper, dans une étreinte froide et mortelle. Je mordis la chair tendre de son cou, mes crocs diffusant mon propre venin dans son corps, laissais le goût métallique du sang m’envahir la bouche. J’avais envie de plus, d’encore plus de ce breuvage qui me faisait vivre, mais j’avais envie de transformer quelqu’un. D’essayer. Il en mourrait peut-être…
Du revers de ma main, j’essuyais mes lèvres sanglantes et mon menton dégoulinant.

« - Je suis moi aussi une tueuse. Sauf que moi, j’attaque de front. Et par exemple, je trouve que le poison est une arme de lâche…mais là, tu vois, tu as attaqué. Tu fais des progrès ! Et comme je suis une vilaine fille et que j’aime bien ton nom – c’est joli, Sayannel ! – j’ai décidé de te faire goûter à l’éternité. Mon cadeau d’anniversaire en avance… »

J’en avais un peu marre de jouer la froide vampire, alors j’ai laissé mes traits se détendrent et mon expression s’adoucirent, devenir pur. Je le laissais s’écrouler dans un fauteuil et m’asseyait en face de lui. Il devait souffrir le martyr…j’avais presque de la peine.

« - Dis moi, tu trouves que je fais vielle ? Tout juste dix sept milles ans…mais qu’ai-je fait de mal pour qu’on m’envoie un tueur ? Qui aurait bien pu faire une telle chose, ironisais-je. Ah, je sais ! Mon père – pas ma mère, je l’ai tué. Il avait une sale tête, non ? Je ne lui ressemble pas, tu n’as pas du comprendre. Mais je pense que tu t’en fiches. Je ne suis qu’une cible, après tout. Tu dois aussi penser que je me fiche de tout…c’est vrai et faux. Je m’intéresse un minimum à mes victimes, c’est pour ça que si tu le peux, j’aimerais que tu ais l’obligeance d’ouvrir la bouche. N’empêche, ce serait marrant si tu survivais à mon poison. Une chance sur dix d’y rester…le hasard fait bien les choses, j’ai confiance. »

Je le fixais avec curiosité, sans animosité, l’air purement…stupide, naïve. Je l’étais. Je lui déballais ma vie, mais même si pour parler ce devait être avec un tueur, alors soit !
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MessageSujet: Re: « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » Icon_minitimeMar 6 Déc - 11:54

    Le souffle rauque, la gorge sèche, les yeux plissés, Sayanel luttait. Il était lâche, c'était vrai. Plutôt que de mourir, il préférait se battre, même si cela signifiait tourner le dos à ses principes les plus fondamentaux. Le dilemme était intense. Soit mourir, abandonner, se laisser emporter par la Mort, soit continuer, espérer, croire qu'il lui restait encore quelques instants à passer sur cette terre et dire adieu au repos éternel.

    Toujours en face de lui, la vampire l'observait à présent avec une certaine douceur. Une image traversa son esprit affaiblit. A vomir. Elle était à vomir de dégoût. La haine tourbillonnait en lui, s’emparant peu à peu de chaque parcelle de son esprit. Il la détestait par dessus tout, et ses géniteurs encore plus.

    Il faisait un effort considérable pour ne pas hurler, crier sa détresse. Toujours impassible, elle continuait de le fixer, essayant de déterminer si oui ou non il allait y rester. Oui. Non. Peut-être. La lutte se poursuivait en lui, et plus le temps passait, plus il avait envie de tout laisser tomber. Et pourtant, il se raccrochait désespérément à son existence. Sa pitoyable existence.

    Puis une seconde phase pris le relais. Plus courte. Plus calme. Il eut tout le temps de réfléchir à ce qu'il lui ferait une fois que tout cela serait fini. Dans son esprit, les méthodes les plus horribles de supprimer quelqu'un se succédait les unes aux autres, et chaque alternative lui semblait meilleure que la précédente.

    Peu à peu, son souffle ralentit, puis s'arrêta, tandis que ses yeux prenaient un éclat sanglant, remplaçant peu à peu l'écarlate terne de ses yeux d'antan. Il leva vers elle son nouveau regard empli de rage, et dans un bruit sourd proche du feulement, il lui fit comprendre à qu'elle point il avait envie de mettre définitivement fin à son existence.

    Puis la troisième et dernière phase commença. Douloureuse. Bien plus que la première. Cette fois, ses nerfs lâchèrent, et il laissa échappé un hurlement d'intense souffrance. Ses muscles l'élançaient atrocement, comme si on les lui arrachait à chair ouverte, sans l'avoir anesthésié. Tout son corps le brûlait, et dans sa tête, le seul mot qui revenait sans cesse était “ affliction ”.

    Enfin, le silence revint. Tout était fini. Il était toujours là, dans le fauteuil, face à sa créatrice. Il avait survécu. Il était un vampire, désormais. Son regard revint se poser sur elle, et elle put alors mesurer toute la menace qu'il représentait dorénavant.

    Dans un effort de volonté incroyable, il se redressa, et ses mains quittèrent les accoudoirs laminés, déchirés. Se redressant avec peine sur ses deux jambes, il esquissa un pas vers elle, et un éclair de frayeur parcourut les yeux de la rousse quand elle se rappela qu'elle-même était en position de faiblesse : le poison avait dû commencer à agir, depuis le temps.

    Encore un mouvement, et il se retrouva debout. Une grimace de douleur lui tordit le visage tandis que ses pieds retrouvaient avec difficulté le sol. Il n'avait plus rien de gracieux, mais elle non plus, et ils avaient l'air de deux marionnettes marchant avec peine.

    Il prit une seconde lame dans son dos, mais trop lourde, il la laissa tomber sur le sol. Il jeta un regard vers l'épée qui gisait par terre, et avec un gémissement de résignation se retourna vers la vampire, qui tentait de regagner la sortie. En un pas, il se retrouva près d'elle, et lui saisit le bras. Elle tira avec peine dessus, mais il eut le temps de mordre dedans avec force avant qu'elle ne réussisse à se détacher de lui et à rejoindre le balcon.

    Un nouvel éclair de douleur le traversa, et Sayanel s'effondra sur le sol, à bout de force. Peu à peu, les ténèbres envahirent son esprit, et il cessa de résister.
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MessageSujet: Re: « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » « L’ocre s’estompe, les bleus se touchent, se mêlent, ne formant plus qu’un, la distinction entre le firmament et les abysses s’efface » Icon_minitimeMar 6 Déc - 12:32

Il s’est levé. Sa transformation était achevée. Il avait survécu ! J’ai eut peur. J’ai soudain réalisé qu’il allait…peut-être m’en vouloir ? C’est sûr, j’arrive, je gâche sa vie – et tous ses projets de futur ! – évidement, il va pas m’en vouloir. J’ai cette manie d’agir d’abord et de réfléchir après, et je peux vous assurer que ce n’est pas le meilleur moyen pour survivre que je connaisse. Il n’avait pas l’air content du tout, et sincèrement, même si j’étais immortelle, je craignais pour ma vie. Et même s’il était encore affaibli par sa récente métamorphose, je l’étais également à cause de sa saloperie de poison. Nous ressemblions donc à deux pantins informes, moi cherchant à regagner le balcon, lui à m’attraper et m’étriper. Il essayait de se saisir de ses armes, mais elles étaient trop lourdes pour lui. Il a gémit en laissant tomber une de ses lames – il était attendrissant, comme ça ! – puis il se mit sérieusement en marche dans ma direction. J’ai couiné et vainement tenté d’accélérer le pas : j’avais la sensation de nager dans du métal en fusion ! Mon métabolisme de vampire luttait contre le parasite, mais ce n’était pas assez rapide. Sayanel parvint à m’attraper le bras et me mordit violement. Je criais tandis que la douleur supplémentaire s’emparait de moi – le choc de deux poisons, car même si c’est moi qui avais fourni la base à son corps pour qu’il fournisse le sien, ils restaient tout de même opposé et leur rencontre produisait une réaction désagréable. Mais bon, je n’étais pas mécontente de ma création. Pas mal du tout, avec ses beaux cheveux noirs, ses yeux d’un sanglant attirant, et sa peau de bébé blanche comme une feuille de papier.

Sans le vouloir, son venin se mêla au mien et aida mon corps à lutter contre l’immobilisant. J’eut la force de me dégager, arrachant mon avant-bras à sa main de pianiste et à sa poigne de fer dans un gant de velours. Puis je basculais par-dessus la balustrade du balcon, atterrissant – m’aplatissant ? – quatre mètres plus bas et en me faisant certainement une douzaine de bleu. J’ai piqué un sprint douloureux et pas très rapide en direction des écuries de mon oncle, plus loin. Sans attendre, j’ouvris grand un box, me saisit d’un filet que je mis à l’étalon récitant, avant d’empoigner une cravache et de sauter sur son dos, à cru. Pendant tout le trajet vers Stersa à proprement parler, j’ai souffert et je souffrais encore quand je me suis écroulée au pied d’une aubergiste, une bourse tendue vers elle. Le noir s’empara de moi alors que je revoyais le vampire que j’avais créé. Il essayerait sans doute de me tuer, mais j’avais envie de le revoir.
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